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Aubépines

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Nom commun : 

Aubépines

Nom latin : 

Crataegus

Autres noms : 

Epine blanche, épine de mai, cenellier, valériane du coeur, poire d'eau, poire d'oiseau, noble épine, arbre de mai, aubespin, buisson blanc

Famille : 

Rosacées

Origine : 

Proche-Orient

Taille : 

2 à 6 m (jusqu'à 20 m pour la monogyne)

Description


Son nom latin vient du grec "kratos" = force, vigueur (car son bois est très résistant). Il y a environ 900 espèces de Crataegus dans le monde (dont pratiquement 90% se trouvent en Amérique du Nord).
Emblème de l'espérance chez les Athéniens de jadis, elle fut célébrée par Ronsard dans ses Odes. Jadis, les "magiques" haies d'aubépine entouraient les maisons pour les protéger! Le mois de mai (époque de sa floraison) étant consacré aux très jeunes filles et aux vierges depuis la nuit des temps, l'aubépine s'est vue associée tout naturellement aux purifications religieuses et aux mariages. Héra, femme de Zeus, aurait conçu ses enfants rien qu'en touchant ses fleurs! L'Église récupéra à son compte les traditions antiques dédia le mois de mai et l'aubépine à la Vierge Marie. La Vierge aurait fait sécher les langes du Christ en les accrochant aux rameaux épineux de l'aubépine. Porter un de ses rameaux en amulette ou en placer dans le grenier protègerait des fantômes et de l'orage! (l'aubépine ne serait jamais foudroyée). Plantée sur le tas de fumier ou devant les portes, elle éloignait les serpents et les crapauds.
L'écorce gris clair est lisse jeune et se craquelle en vieillissant. Le tronc est irrégulier, presque musculeux, avec une écorce ridée. Le bois extrêmement dur (comme du fer, dit-on!) est utilisé pour les robinets des tonneaux et les engrenages: les troncs servaient de billot pour les exécutions capitales, les épines s'employaient comme des clous ou des épingles pour les assemblages de menus objets. En fait, ce ne sont pas de vraies épines, mais des dards c'est-à-dire de courts rameaux très droits, terminés en pointe par atrophie du bourgeon terminal. Ces dards sont très défensifs et dissuasifs à l'encontre des prédateurs (l’'arbre de notre jardin de la biodiversité de Mérignac abrite ainsi de nombreux nids d‘'oiseaux bien visibles mais inaccessibles!). La pie-grièche écorcheur s'en sert de garde-manger en empalant ses proies (des insectes) sur les piquants acérés. Des arbres à feuilles caduques y trouvent aussi une protection contre l'appétit des bestiaux. Le bétail ne broutant pas les feuilles de l'aubépine, la plante était plantée au dessus des lieux où étaient enterrés les bovins décédés de la peste pour protéger les survivants.
En avril-mai, sa floraison blanche et parfumée, en corymbes, arrive après la feuillaison: c'est un pur ravissement qui nous enchante de son parfum qui évoque celui de la pâquerette avec des notes de miel chaud. Prenez le temps d'observer la vingtaine d'étamines rouges qui détonnent sur la blancheur des pétales. Les pétales tombent facilement.
Les drupes (cenelles, senelles, poires à/du Bon Dieu, poire d’'oiseau, poire du Seigneur) mûrissent d'août à octobre. Elles sont couronnées (mais non complètement recouverts) par le calice. Bien que consommés depuis les temps préhistoriques (on trouve des accumulations de noyaux dans les vestiges des cités lacustres), elles sont tout juste comestibles crues (et utilisés pour soigner l'‘hypertension et la nervosité), de préférence après les gelées pour adoucir leur saveur acide (voir ci-dessous). La boisson fermentée que l’'on en tire est très enivrante et agréable: son goût rappelle le poiré.
L'’aubépine vit longtemps: mine de rien, il n'est pas rares de voir des haies de près de 400 ans! Les plus vieilles aubépines restent méconnus car elles n'ont jamais les dimensions considérables d'un chêne. L'’un des plus vieux arbres de France est l’'aubépine de Saint-Mars sur la Futaie (plantation au troisième siècle si on en croit la tradition). De même, celle de Bouquetot (Eure) aurait été plantée en 1335 pour marquer le rattachement de la Normandie à la France... et elle est toujours vivante (son tronc a une circonférence de 4 m). Aussi, autrefois, dans les régions démunies en pierres, cet arbre était utilisé en haies jouant ainsi le rôle du mur pour borner les propriétés entre voisins ("pieds corniers"). En témoignent les noms de nombreux lieux-dits et le nom de l'aubépine en anglais (épines à faire des haies = hawthorn) et en allemand (hagedorn). L'aubépine est une essence de lumière (haie): quand elle pousse dans un sous-bois, elle reste chétive.
Peut-être trouverez-vous sur les feuilles la larve noire, luisante ressemblant à une petite limace: c'est la tenthrède limace du "cerisier" Caliroa cerasi(1,5 cm de long maximum) qui décape le parenchyme supérieur de la feuille.
VOIR AUSSI LES FICHES " merisier" (merisier à grappes).
Avez-vous vu des boutons floraux sautiller? En fait, il s'agit d'un petit charançon Anthonomus pedicularis qui est enfermé dedans. Cette larve en se contractant et en se détendant imprime ces mouvements, cachée dans son abri végétal.
Pour germer, la graine (ou nucule) doit âtre avalée par pour passer par le tube digestif d’'un oiseau (ou d'un mammifère) afin que son enveloppe (très dure) soit partiellement attaquée par les sucs digestifs, mais la graine elle même traverse sans encombre le corps de ces gastronomes à poils et à plumes. Après un long voyage à l'abri dans l'estomac, elle est expulsée dans les excréments loin de la plante-mère. Se faire dévorer pour mieux se faire transporter et conquérir de nouveaux espaces, voilà un curieux moyen de locomotion! Ce principe est aussi utilisé par le sureau, le prunellier, le sorbier, le fusain... Les fruits doivent être semés immédiatement ( recouvert de 2 à 3 cm de terre), mais la levée ne s'effectuera que plus d'un an après. Durant les sept premières année de sa vie, l'aubépine pousse de 20 à 30 cm/an. Puis, sa croissance se ralentit. Lors de la transplantation, il ne faut pas abimer les racines. C'est par excellence l'arbuste typique et idéal des haies vives. On ne peut que déplorer qu'elle ait été arrachée lors des "démembrements", puis remplacée par des clotures en fil de fer.
L'aubépine épineuse sert de porte greffe pour les poiriers et les néfliers.

L'aubépine blanche (encore appelée aubépine commune, aubépine des bois, aubépine sauvage, aubépine épineuse) Crataegus laevigata ou C. oxyacantha se caractérise par: d'une part, un fruit à 2 noyaux (voire 3, parfois jusqu'à 5) correspondant au nombre des styles de la fleur (2 ou 3); d'autre part, une feuille à cinq lobes arrondis peu profonds (à peine lobée à son sommet). Lors de nos sorties éco-touristiques et de nos balades dans la nature en Gironde, nous avons trouvé aussi: l'aubépine monogyne C. monogyna, plus méridionale (fruit à un seul noyau, taille plus grande, tronc plus robuste, branches plus ramifiées que la précédente, feuille PROFONDÉMENT divisée en 3 - 7 lobes apparaissant plus tard, courbure vers l'arrière des nervures latérales inférieures des feuilles), l'épine ergot de coq C. crus galli (originaire d'Amérique du Nord aux gros fruits comestibles), l'azérolier ou épine d'Espagne ou pommette ou azarolier C. azarolus (fleurs et fruits comestibles; le meilleur fruit parmi toutes les aubépines; pulpe riche en flavonoïdes, vitamine C et A; jaune rougeâtre; deux exemplaires dans la zone Rosacées du Jardin botanique de Talence, dans le Parc Peixotto). A cela s'ajoute la liste des nombreux hybrides décoratifs!

Application en phytothérapie


ATTENTION! A fortes doses, l'aubépine peut tellement faire chuter la tension artérielle et ralentir le pouls (bracycardie) et provoquer alors une dépression respiratoire! Les fleurs doivent être prélevées à peine écloses ou mieux encore en bouton, le matin, par temps sec et les faire sécher rapidement à l'ombre sur des claies. Si cette dernière opération est bien menée, elles jaunissent à peine et restent parfumées. L'infusion (une cuillerée à soupe de fleurs/tasse) au goût très agréable, meilleur que le parfum des fleurs. Les propriétés majeures de l'aubépine dans les affections cardiaques n'ont été découvertes qu'à la fin du XIXe siècle par des américains (Jennings et Clément) et un français (H. Leclerc). Si on en prend deux à trois fois par jour pendant trois semaine par mois, l'infusion de fleurs convient aux troubles les plus divers du coeur: tonicardiaque (fatigue), antispamodique (sensation d'anxiété, arythmie cardiaque, palpitations), sédatif (insomnie, stress des examens, énervement, hypertension), difficultés respiratoires, angine de poitrine... Ce sont des flavonoïdes qui agissent sur le coeur des anxieux, sans avoir l'inconvénient des médicaments (somnolence, perte de mémoire). Néanmoins, un surdosage a une action néfaste sur le coeur (comme on l'a déjà écrit au début de ce paragraphe), aussi est-il bon d'interrompre régulièrement son traitement. L'aubépine permet même le sevrage progressif de certains médicaments (benzodiazépines). Elle est aussi diurétiques et fébrifuges.
Côté beauté et esthétique, ses flavonoïdes lui confèrent des vertus antiradicalaires et antioxydantes. L'astringente aubépine protège les veines: aussi, on l'emploie dans les pommades pour les peaux grasses.


Les recettes de cuisine


Pour éviter de vous écorcher, prenez des gants de jardins pour le ramassage des fleurs ou des fruits. Vous pouvez aussi gauler à distance le buisson pour faire chuter les fruits sur un tissu étalé sur le sol. Bien que comestibles, les cenelles paraissent de nos jours bien fades, sèches et farineuses. Et pourtant, imaginez l'attrait gourmand qu'exerçait ces fruits chez l'homme de la préhistoire, souvent victime de disette! Peut-être avait-il les mêmes sensations que les nôtres face à un panier de cerises ou de fraises? Jadis, les cenelles étaient moulues pour en faire de la farine en période de famine. On en tirait aussi un vin d'aubépine car, depuis Noé, l(Homme a toujours été ingénieux dans le domaine de la fabrication des boissons enivrantes. De nos jours, elles entrent dans la composition de sirops, de tisanes, de belles et translucides gelées rouges (riches en vitamine C). N'avalez pas les noyaux qui contiennent de l'acide cyanhydrique. Ils peuvent être mis à infuser (en mélange avec d'autres fruits sauvages).
En mai, les délicates fleurs de l'aubépine (à condition de les prélever avant leur complète floraison pour éviter une odeur ammoniacale) et les jeunes feuilles (au goût de noix) décorent de nombreux plats et salades. Quant aux bourgeons non éclos, ils sont cuisinés dans certains plats. Les bourgeons floraux peuvent être mis à mariner dans le vinaigre comme des câpres.
La pulpe de fruits mélangée à la farine donne aux gâteaux un parfum d'amande.
Les azeroles (fruit de Crataegus azarolus) sont plus savoureux, plus gros (2 cm) et plus faciles à ramasser car cette aubépine méditerranéenne est moins épineuse, mais elle ne fructifie pas avant l'âge de 12 ans.

RECETTE DE LA GELÉE D'AUBÉPINE:
Faire cuire 500 g de drupes dans de l'eau jusqu'à ce qu'on puisse facilement les écraser avec une fourchette. Filtrer (tamis avec étamine, torchon). Ajouter 400 g de sucre et cuire comme pour une confiture. Au bout de 20 minutes, faire le test de la goutte qui se fige.
Recueillir le jus de 100 g de framboise écrasée et l'ajouter. Faire cuire le tout 5 minutes en remuant.
Toutes les informations culinaires ou phytothérapeutiques ne sont données qu'à titre indicatif.
Merci de consulter un professionnel de la santé avant toute utilisation.