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Bouleau blanc et Bouleau verruqueux

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Nom commun : 

Bouleau blanc et Bouleau verruqueux

Nom latin : 

Betula alba, Betula verrucosa

Autres noms : 

Bouleau odorant, Biole, bé, Arbre néphrétique, Bech, Arbre de la sagesse, Boulard, Sceptre des maîtres d'école, Bolle, Bes, Boulard, Biole, Brel

Famille : 

Betulacées

Origine : 

Europe

Taille : 

15 - 18 m (parfois jusqu'à 25 m)

Description


En remontant vers le pôle Nord, c'est l'un des derniers arbres que l'on trouve avant la toundra car il n'est pas du tout frileux. A la fin des dernières glaciations, il fut un des tout premiers feuillus à recoloniser l'Europe en repartant vers le sud. A 1600 - 1800 m d'altitude dans les Pyrénées et les Alpes, les conditions climatiques présentent des conditions de colonisation semblables à celles du Grand Nord. On l'observe aussi dans toute la France, toujours en pleine lumière, souvent sur sol siliceux. On le trouve donc en compagnie du pin sylvestre, de fougères-aigles, d'amanites phalloïdes, de bruyères ou de callunes, ainsi que les saules et les aulnes qui apprécient, eux, l'humidité. Les boulaies ne sont jamais très denses et la strate herbacée peu diversifiée. Par contre, les amateurs de champignons y trouveront leur bonheur avec des champignons comestibles (cortinaire triomphant, lactaire délicieux), certains de qualité très médiocre (lactaire à toison) et d'autres dangereux (amanite tue-mouches). Si vous êtes très attentif, peut-être aurez-vous l'occasion de débusquer une chenille arpenteuse qui adopte une position très mimétique lorsqu'elle est inquiétée puisqu'elle ressemble alors à une brindille: le biston du bouleau Biston betularia. L'adulte est un papillon majoritairement noir dans les zones polluées et plutôt clair en zone rurale.
Grâce à son inimitable tronc, d'un blanc lumineux (à cause de l'albédo de la bétuline -une huile essentielle- qui protège l'écorce de l'humidité* et de la dent des animaux, mais aussi parce qu'il y a des inclusions de bulles d'air), zébré de traits foncés horizontaux (à cause des fissures), c'est l'un des arbres les plus facilement identifiables par chacun d'entre nous.
En effet, sa délicate écorce est sans cesse renouvelée (comme celle du platane). Elle se détache en lanières blanches, satinées et minces comme du papier. Par rapport au bouleau pubescent (ou bouleau des marais), le vieux bouleau blanc a la base du tronc sombre (larges plaques d'écorces sombres et très crevassées). Coupé, il rejette vigoureusement de bourgeons de racines (et non pas de la souche). En France, tous les bouleaux indigènes (ils sont trois: blanc, pubescent et nain) voient disparaitre le bourgeon terminal auquel se substitue un bourgeon latéral. Ils ont deux sortes de rameaux: des longs et des courts. Dès l'automne et durant tout l'hiver, on voit bien les chatons mâles pendants mollement, doux et frémissants, à l'extrémité des rameaux longs: ils sont mûrs (jaune orangé) vers avril-mai. Situés sur les rameaux courts, les chatons femelles se voient plus tard (au printemps), sont plus courts et dressés comme de fines bougies, avec des stigmates rouges, à maturité. Les fructifications ressemblent à un cornichon ou une tresse de cheveux ou l'extrémité de la queue d'un petit chat: les écailles des chatons et les graines (akènes) ailées tombent en même temps en hiver. Les oiseaux y participent: linottes, chardonnerets, mésanges, tarins des aulnes.
Ses rameaux souples, au port devenant retombant avec l'âge, ont servi à faire des balais. Ils sont aussi le symbole de la sanction ou du mal qu'il faut faire sortir du corps. Les licteurs romains défilaient avec une hache entourée de verges de bouleau. Ces rameaux flexibles étaient censés avoir de cuisantes vertus pour chasser les mauvais esprit:, ils servaient donc de verges de flagellations pour les écoliers (jadis!), les fous et les délinquants. Ils étaient utilisés aussi à la sortie des saunas. pour tant de services rendus, le doux bouleau fut promu "arbre de la sagesse"!
En Russie, le bouleau symbolise le printemps et la jeune fille (port élancé et gracile, chevelure légère, peau blanche). En Scandinavie, il symbolise l'arbre annonçant joyeusement le printemps: on attend si impatiemment son débourrement qu'on le hâte en introduisant dans la maison quelques rameaux réunis en bouquets pour que les feuilles éclosent précocement!
Les feuilles petites et triangulaires tombent assez tôt (octobre). Elles se colorent d'un élégant jaune doré à l'automne. Elles laissent bien passer la lumière car elles sont suspendues verticalement. Attachées par un long pétiole, elles s'agitent comme celles du tremble. Elles sont appréciées du bétail (fourrage hivernal en Scandinavie). Elles colorent la laine en vert avec l'alun (et en roux sans l'alun). Les feuilles sont rongées par les chenilles de la tenthrède du bouleau Croesus septentrionalis (tête noire, corps vert tacheté de noir). Elles vivent collectivement sur la tranche de la feuille. Inquiétées, elles pratiquent une posture typique en redressant leur "arrière-train" et émettant une mauvaise odeur. Les adultes ont une large bande rouge.
Les racines sont superficielles et les plantes croissent mal au pied des bouleaux. Une bonne partie de ses propres semences ne lève pas. L'arbre, lui, pousse vite: 1 m par an chez les jeunes (15 m en 20 ans au moins, puis la croissance se ralentit). Sa longévité est analogue à celle de l'être humain avec qui il partage le même temps fugace...
L'écorce du bouleau est un matériau exceptionnel, constamment produit en profondeur (aussi, les Sibériens russes appliquaient au bouleau le même traitement que pour le chêne-liège). Cousue entre deux semelles de cuir, elle sert de souliers! Les Castillans en faisaient des guêtres pour se protéger des épines. En Haute-Catalogne, des gobelets (à conserver en permanence dans l'eau pour qu'ils ne pourrissent pas). En Europe de l'Est, des tabatières. L'écorce première sert de parchemin (douceur du vélin, pas de bavure d'encre) et de linceul dans certaines civilisations. Cette écorce est tellement riche en résine qu'elle est imputrescible: les Lapons en revêtaient la partie enterrée des pieux. Par distillation, on en extrait la brai à l'odeur particulière. Ce goudron d'écorce sert de torche lumineuse dans le Grand Nord, à tanner les cuirs (cuir de Russie), à étanchéifier les canots en écorce de bouleau ou les toits des cabanes (ou des tipis jadis). Il servait de colle au Néolithique (emmanche des outils). Avec la seconde écorce, on fabrique une farine de survie, mélangée à la farine de blé (Slaves). En période de disette, l'écorce râpée et mélangée aux farines de céréales a servi d'aliment: les habitants du Kamtchatka la mangeaient coupée en dés, avec des oeufs de poissons.
Le bois du bouleau n'a pas une bonne réputation: il pourrit rapidement, il a un retrait de 15 à 20% du volume initial au séchage. Aussi, les boulaies sont de plus en plus remplacées par des pinèdes. Néanmoins, dans les contrées nordiques, on faisait avec le bois du bouleau des skis, des meubles, des essieux et des jantes (le charron courbait parfois le bois vif sur pied pour se faciliter leur futur travail!). Les jeunes tiges servaient au cerclage des tonneaux. Les matriochkas (poupées russes qui s'emboitent) sont réalisées en bois de bouleau, ainsi que les balises des régates à voile (quand elles ne sont pas en plastique). Le plus gros hydravion du monde, qui a volé sur moins de 2 km en 1948, était en bois de bouleau! Léger (densité: 0,6) et facile à travailler, le bois est transformé en échelles, en balais, en pâte à papier, en petits objets tournés, en contreplaqués et même en légers sabots (seul l'aulne est meilleur pour ce dernier usage). Certaines lignées de bouleaux sont sélectionnées pour leur bois héréditairement "madré" (miroitant et aux fibres entrelacées). Il chauffe vite le four du boulanger, du potier et du verrier: sa flamme claire et vive dégage une chaleur intense. Les noeuds, formés d'une substance rougeâtre et marbrée non fibreuse, servent à faire des ustensiles de table (assiettes, cuillères). Comme quoi, avec le bouleau, on peut faire du bon boulot! Il mérite bien son surnom d'arbre aux mille usages: "Il n'a aucune qualité d'excellente, mais il en a beaucoup de médiocres dont la réunion lui donne du prix" (Varenne De Fenille; 1792).
Et il ne faut donc pas s'étonner qu'il soit à l'origine de divers noms propres: Du Bellay, La Boulinière, Biollay, Besse, Beulay...
Pour les populations septentrionales, il joue le même rôle que l'olivier pour les Méditerranéens. Ce "puits du peuple" (surnom russe) leur donne la chaleur de son bois, les médicaments de sa sève et la lumière de son écorce-torchère. C'est une véritable civilisation du bouleau.
VERRUQUEUX ou PUBESCENT ?
La différence est moins morphologique que géographique: comme le pubescent pousse plus au nord que le verruqueux, notre département de la Gironde accueille presque uniquement le bouleau verruqueux (vous pourrez néanmoins voir un bouleau pubescent dans la queue d'étang du Parc bordelais, à côté d'un aulne glutineux). Les jeunes rameaux du bouleau verruqueux sont glabres, enveloppés d'une fine pellicule transparente (qui tombe et disparait rapidement) et ils portent des verrues résineuses. Ceux du bouleau pubescent sont densément recouverts de poils, ainsi que le pétiole et la face inférieure des feuilles. Bien sûr, ses jeunes pousses ne sont pas verruqueuses.
La feuille du verruqueux est plutôt triangulaire avec la plus grande largeur près de la base (la pointe est entourée de 2 ou 3 dents triangulaires); celle du pubescent est plus arrondie, avec la plus grande largeur proche du milieu (uniformément dentée). L'écorce du premier est toujours blanche sur les 3/4 de sa hauteur et elle se déchire verticalement sur les troncs âgés: elles dessinent des plages sombres, vaguement en losanges (chez les vieux sujets, la base se crevasse et noircit). Sur le second, l'écorce est moins blanche (un peu grise ou blanche légèrement rosée ou teintée de brun, à quelques fissures près). Le verruqueux a port légèrement plus pleureur que le pubescent (ce dernier a les chatons pendants).
Le fruit du verruqueux a des ailes très larges: 2 à 3 fois plus larges que l'akène. Alors que celui du pubescent a des ailes aussi larges ou seulement 1,5 fois plus larges que l'akène.
Dans son aire de prédilection, le bouleau verruqueux tend à supplanter le bouleau blanc, notamment en le "contaminant" par hybridation (Betula x aschersoniana). Il faut dire que le pubescent est écologiquement plus exigeant: il lui faut des sols imbibés d'eau ou un climat particulièrement pluvieux (sur les sols filtrants).
Quant au rare BOULEAU NAIN (1 m de haut), il a des feuilles dentelées régulièrement et rondes (comme le tremble). Cette relique des temps glaciaires se trouve dans quelques tourbières du Jura (La Mouche, vallée des Rousses) et la Margeride (Chanaleilles en Haute-Loire; Lajo et Mialanes en Lozère). La Lozère est l'extrême limite méridionale de son aire de répartition. En Margeride où il pousse avec d'autres reliques glaciaires (dont le saule nain), il s'hybride avec le verruqueux (Betula x plettkei) et le pubescent (Betula x intermedia).
Pour l'ornementation de nos parcs (Parc de Bourran, enclos pharmaceutique du Jardin botanique de Talence dans le parc de Peixotto), on a introduit une espèce nord américaine: le BOULEAU A PAPIER Betula papyrifera (ou bouleau à canot). Ses grandes feuilles d'un vert foncé lui donnent un très bel aspect. Son bois très fort a un grain brillant: on lui donne facilement l'apparence de l'acajou et on en fait des meubles et des ornements de menuiserie. L'écorce finement émincée peut remplacer le papier. Au Canada, les grandes écorces (cousues ensemble avec les racines du sapin blanc) permettent la réalisation de canoés très légers: une embarcation de 20-25 kg transporte 4 personnes avec leurs bagages!
Le jardin public de Bordeaux (cours de Verdun) abrite une curiosité: des BOULEAUX DE L'HIMALAYA. Découvert en 1820, ce bouleau a été introduit en 1880 en Europe. Son écorce s'exfolie en prenant une belle teinte cuivrée, brune et rosée (et non blanche comme nos bouleaux indigènes). Dans l'Antiquité, on s'en servait pour écrire les textes sacrés sanscrits et actuellement les mantras sacrés (placés dans des amulettes). A la différence des bambous, son feuillage laisse filtrer la lumière et ferme la vue sans que l'observateur se sente enfermé, ce qui est très apprécié dans les petits jardins.
* Les propriétés hydrofuge de la bétuline font que l'écorce de bouleau remplace le carton bitumé sous les toits de chaume, en Scandinavie.


Application en phytothérapie


Autant son utilisation technique ou comme nourriture remonte à la Préhistoire, autant son emploi médicinal est relativement récent. Au XIIe siècle, Sainte Hildegarde est la première à citer l'action cicatrisante des fleurs. Et il y a peu de temps encore, on pouvait trouver son écorce en droguerie pour ses propriétés fébrifuges, toniques, digestives et diurétiques. La décoction d'écorce de bouleau guérit aussi les maladies de peau (dartres) et atténue les taches (taches de rousseur).
Au printemps, la section d'un rameau laisse écouler la sève ("le sang du bouleau") qui est recueillie dans une bouteille suspendue à son extrémité (0,5 à 1 L/jour). Une autre méthode (trou dans tronc) est présentée au paragraphe suivant. C'est un remède (validé par la science) contre l'arthrite, l'acné adolescente, les rhumatismes et un bon dépuratif si on en prend 3 à 4 cuillerées à soupe par jour (Europe centrale).
L'infusion des feuilles est efficace comme antidiurétique, contre les problèmes urinaires, les rhumatismes et la chute des cheveux. Il soignerait la "maladie de la pierre" (calculs).


Les recettes de cuisine


On consomme les toutes jeunes feuilles ciselées (dans les salades, farces aux herbes) et la sève fraîche au début du printemps (voir ci-dessus). Cette dernière (concentrée par évaporation comme pour le sirop d'érable) peut être utilisée comme édulcorant dans les desserts et les boissons. Elle peut aussi donner soit une limonade, soit du champagne (ou plutôt un vin pétillant) par fermentation, pendant un mois, avec du vin, du sucre et de la levure de bière. Mais, vous pouvez aussi la consommer "nature" (mettre des clous de girofle aux effets antiseptiques pour la conserver quelques jours). Outre la méthode consistant à sectionner un rameau (voir ci-dessus), en voici une autre plus productive, mais donnant une sève moins sucrée (1%) et moins aigre...
CURE D'EAU DE BOULEAU (un verre tous les jours pendant 3 semaines):
En février-mars, choisissez un tronc de 30 cm de diamètre. A un mètre de haut, sur la face sud, creusez -à la vrille- un trou de 2 à 4 cm de profondeur (maximum) et de 8 mm de diamètre, légèrement en oblique pour faciliter l'écoulement. Enflez un tube souple (tuyau de plume ou tronçon de roseau) de 8 mm de diamètre: il doit dépasser de 7 cm environ pour pouvoir recueillir la sève dans un récipient posé au sol (éventuellement recouvert d'un maillage pour filtrer les impuretés). Un tronc de 50 cm de diamètre donne un litre de sève par jour. Voire plus si l'hiver a été rude, si l'arbre pousse en montagne ou s'il a un âge moyen. C'est vers midi que l'écoulement atteint son maximum. Au bout d'une semaine, refermez le trou. Et recommencer sur un autre arbre. La boisson se conservera plus longtemps en y mettant des clous de girofle et une couche d'huile d'olive pour empêcher le contact avec l'air. C'est aussi une source de sucre pour les Lapons (concentration: 9%) et un remède (voir le paragraphe " application en phytothérapie" ci-dessus).
Les pics forent des trous dans le tronc pour se nourrir des larves et y nicher... et peut-être, eux aussi pour boire la sève.
VIN DE BOULEAU:
Pendant 3 à 4 semaines, on laisse fermenter, à l'abri de l'air, cette sève en rajoutant 1kg de sucre ou de miel par litre de sève, ainsi que quelques raisins secs et aromates. On obtient une boisson acide, sucrée et pétillante.

Toutes les informations culinaires ou phytothérapeutiques ne sont données qu'à titre indicatif.
Merci de consulter un professionnel de la santé avant toute utilisation.