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Bruyères

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Nom commun : 

Bruyères

Nom latin : 

Erica, Calluna

Autres noms : 

Brande, grosse, bucane, péterolle, breuvée

Famille : 

Ericacées

Origine : 

Europe

Taille : 

de 0,20 à 3 m suivant les espèces

Description


On a peine à imaginer de nos jours combien les bruyères ont pu jouer, naguère, un grand rôle dans l'autarcie paysanne. D'ailleurs, les bruyères remplacent toujours le houblon dans une bière traditionnelle écossaise (Heather Ale). Les Gaulois en faisaient une boisson enivrante. Parmi les nombreuses croyances autour de ces plantes, citons leur pseudo-pouvoir d'éloigner les fantômes! Brûlée en plein air, elle déclencherait la pluie! Elle brûle d'ailleurs (trop) facilement en produisant de nombreuses étincelles, d'où les noms de: pétrole, pëtrële, pëtraode. Dans certaines régions (Bretagne), les ramures servent parfois de chaumes aux toitures des granges (voir la photo ci-dessus prise au Parc bordelais). Sur le Bassin d'Arcachon, les brandes (liées ensemble) servent à amortir l'érosion due aux marées pour protéger les digues et le sentier du littoral. Dans la souche renflée en forme de bulbe de la méridionale bruyère arborescente Erica arborea (jusqu'à 4 m de haut!), on fabrique encore des pipes dans les villages de Saint Claude (Jura) et de Cogolin (Var) car son bois est très résistant au feu et à la chaleur: les racines (jusqu'à 1 kg) sont dégrossis sur place (ébauchons) en les débitant en 2 ou 3 tronçons, puis ils sont mis à bouillir (pour éviter toute fente). Les bruyères ont aussi servi de paillassons, de chaumes pour les toits ou de matériaux de remplissage pour les murs.
Les bruyères sont à l'origine de nombreux noms: La Bruyère, Brujau, Brousse, Bruguière...
La transplantation des pieds déterrés en motte n'est possible que pour les jeunes pieds. La bruyère pousse sur les landes mésophiles des zones tempérées (= températures modérées), acides (pas d’eau calcaire), au soleil ou à l’'ombre légère, en milieu sec ou humide, en compagnie des ajoncs, des genêts et des asphodèles. On les trouve sur les coupes forestières et à la lisière des bois. Pour un oeil averti, elles traduisent soit la pauvreté du sol, soit son usure après des siècles de pratiques agricoles ou de coupes forestières répétées (comme les "moors" des landes anglo-irlandaises). Les Éricacées représente donc l'étape ultime de l'évolution de certains milieux. Pour se développer, les bruyères sont bien armées: elles s'associent avec un champignon microscopique pour se nourrir; elles poussent en touffes serrées et persistantes, elles augmentent l'acidification du substrat et elles émettent des toxines pour éviter la concurrence. Aussi, une fois installées, elles le sont pour longtemps. Leur longévité est de l'ordre de 30 à 60 ans. Néanmoins, pour éviter qu'une lande à bruyère se ferme au bout d'un certain temps, il est conseillé de l'entretenir (rajeunissement par pâturage ou girobroyage, en exportant les coupes pour garder la pauvreté du milieu). Les landes à bruyère accueille les lapins (si elles ne sont pas trop denses), le chevreuil (qui se nourrit des bruyères), des reptiles (lézard, couleuvre verte et jaune, couleuvre à collier) et divers rapaces qui y chassent (busard Saint Martin, circaète Jean le Blanc), ainsi que divers oiseaux nicheurs (traquet pâtre, engoulevent d'Europe, fauvette pitchou, bruant jaune, locustelle tachetée, hypolaïs polyglotte, pie grièche écorcheur, alouette lulu).

Le terme regroupe (en première approximation) deux genres: Erica et Calluna. Le genre Calluna possède des feuilles opposées en forme de petites écailles sessiles imbriquées sur 4 rangs. Le calice pétaloïde, qui enferme la corolle, est entouré à sa base par un calicule. Le genre Erica possède des feuilles en forme de petites aiguilles verticillées par 3 à 4. La corolle à 4 dents et à étamines libres est entourée à sa base par un calice vert (coloré chez Erica herbacea). Lors de nos sorties découvertes et éco-touristiques que nous organisons en Gironde, nous avons pu constater leur présence quasi-systématique et spontanée sur de vastes étendues siliceuses des landes. Mais, leur répartition ne s'effectue pas au hasard. Chacune a ses préférences, notamment au niveau de l'humidité du substrat.
LA BRUYÈRE A BALAIS Erica scoparia (ou brande) est la plus courante car elle est très plastique quant à l'humidité du substrat. Elle a de nombreuses fleurs JAUNE VERDÂTRE peu voyantes car petites de 1 - 2 mm de long (grelot fendu, anthères cachées), disposées en grappes compactes, de mai à juillet. Elles sont odorantes. C'est une plante discrète malgré sa grande taille: c'est la plus grande des espèces atlantiques (1 à 3 m de haut). Ses rameaux verticaux sont rapprochés les uns des autres comme un balai. Ils portent des feuilles glabres, par trois-quatre, en forme d'aiguilles de 5 mm de long, avec deux sillons dessous. Elle occupe les lieux moyennement humides, la dune grise et la dune blanche. Une fois liée en fagot ou tressée, ce matériau écologique de faible coût (et aux qualités isolantes appréciables à partir de 7 - 8 cm d'épaisseur) constitue des palissades, des toitures pour cabanes (voir l'une des photographies), des affuts pour observer les oiseaux. Ils s'intègrent fort bien à la végétation surtout si on laisse se développer dessus des plantes grimpantes (chèvrefeuille). Pour les remplacer, il existe des copies artificielles (en PVC) qui coûte 3 à 4 fois plus cher et qui vieillissent plus mal!
LA BRUYÈRE CENDRÉE Erica cinerea (60 cm de haut au maximum), la plus visible avec ses fleurs rose fuchsia, présente des tiges pubescentes qui portent des feuilles linéaires, épaisses, vert foncé, coriaces, de 4-7 mm (étamines cachées). Comme la bruyère à quatre angles, elles sont en forme de petites aiguilles, nettement écartées de la tiges, mais non ciliées et groupées par trois autour du rameau. Elle fleurit en denses grappes allongées de petits grelots rose violacé ou pourpre-magenta à dents courtes (de juin à août/septembre). Elle recherche les sols secs (comme la callune). Elle fournit des teintures de diverses nuances (autour du jaune et du brun).
LA BRUYÈRE CILIÉE Erica ciliaris (30 à 80 cm), la moins commune, recherche des terres moyennement humides (landes mésophiles). Elle ressemble assez à la bruyère cendrée, mais elle a des fleurs plus grosses et moins nombreuses sur la tige. Ses feuilles et ses tiges sont velues. Les feuilles sont ciliées, par verticilles de 3 ou 4, de 2-3 mm de long. Ses fleurs pourpres (de mai à octobre), disposées en grappes allongées de 4 à 12 (épi terminal lâche), sont toutes tournées du même côté (épi unilatéral). Ce sont d'assez gros grelots de 8-10 mm (anthères cachées).
LA BRUYÈRE A QUATRE ANGLES Erica tetralix (bruyère des marais, bruyère quaternée), haute de 30 à 80 cm, porte des tiges et des feuilles velues. Ces dernières (longues de 4 mm) sont en forme de petites aiguilles, nettement écartées de la tiges et ciliées (poilues), par verticilles de quatre (quatre feuilles autour de la tige à un même étage). Elle a des fleurs ciliées, de 5-7 mm, en grelots (anthères cachées), rose pâle et un peu plus grandes que chez la bruyère cendrée, en bouquet TERMINAL (en haut de la tige) de 5 -12 (de juin à octobre). Elle est caractéristique des tourbières et des zones mouillées, souvent dépourvues d'arbres.
En hiver, fleurit la BRUYÈRE DES ALPES ou BRUYÈRE CARNÉE Erica carnea (1,5 à 2 m: feuilles en forme d'aiguilles, groupées sur l'axe en faisceaux denses par quatre; fleurs de février à mai en grappes fournies unilatérales, pédonculées, penchées, rouge chair, à corolles étroites en forme de cloche) et Erica lusitania.
LA CALLUNE (ou brande, grosse, fausse bruyère, bruyère d'Europe) Calluna vulgaris, plutôt assez grande (de 30 cm à 1 m et plus), caractérise les bois et landes secs, sur sol siliceux. Elle se distingue des vraies bruyères par ses feuilles opposées, en forme de petites écailles sessiles imbriquées disposées sur quatre rangs, rappelant un peu celles du thuya (voir aussi le lien: http://biologie.ens-lyon.fr/ressources/Biodiversite/Documents/la-plante-du-mois/bruyere-ou-callune/). Le dessous des feuilles contient un produit hallucinogène et toxique. La callune porte de longues grappes unilatérales de fleurs, pourpre pâle/rose violet pâle (de juillet à octobre, en fin d'été) à pétales non soudés avec des calices pétaloïdes à sépales membraneux. C'est la fleur nationale des Norvégiens. Avec ses fleurs nectarifères, les abeilles font le "miel de bruyère" (de couleur foncée) qui entre dans la composition du pin d'épices. Quand il n'avait pas de houblon, les Allemands le remplaçaient par les fleurs de callune pour aromatiser leurs bières. On le faisait déjà jadis (gruit, bière du Moyen âge sans houblon) et encore actuellement (Grande-Bretagne). C'est une plante invasive en Nouvelle-Zélande: la lutte biologique consiste à introduire un insecte prédateur spécifique (chrysomèle des bruyères). Avec de l'alun, on obtient une teinture verte (jeunes pousses) ou violette (fleurs) pour la laine; sans alun, la teinture sera jaune. Callune vient d'un mot grec signifiant balais, mais les balais de callune sont moins efficaces que ceux de bouleaux. Dans les magnaneries, c'était sur des rameaux secs de callune que les vers à soie montaient pour faire leur cocon.
Il y a encore d'autres bruyères plus rares dans notre Sud-ouest: b. du Portugal, b. vagabonde, b. arborescente et Daboecia cantabrica.
* Pour les spécialistes qui souhaitent reconnaitre les bruyères à partir de leurs fleurs, voir le site Internet: http://www.faune-flore.be/fleurs_belgique/identification_fleur_bruyere.html
et aussi: http://crdp.ac-besancon.fr/flore/nom_com/bruyeres.htm

Application en phytothérapie


Deux espèces seulement sont utilisées pour leurs vertus médicinales: la vulgaire et la cendrée. La teneur en silice, en flavonoïdes, en éricodine et en tanin des fleurs fraîches leur confère des propriétés pour calmer l'inflammation douloureuse de la paroi de la vessie. C'est donc un anti-inflammatoire urinaire précieux: cystite, colibacilloses, urétrite. Cette action s'exerce aussi sur la prostate et complète celle de l'ortie.
Autres traitements avec ces bruyères: Acné, albuminurie, arthrite, bain, diarrhée, rhumatisme.
Au niveau de l'utilisation cosmétique, en usage externe, les propriétés astringentes et antiseptiques des bruyères sont utilisées contre les dartres et l'acné. On utilise aussi les compresses des fleurs de callune pour soigner les engelures et les rhumatismes.


Les recettes de cuisine


En quantité limitée (astringence), les feuilles de la bruyère arborescente peuvent décorer les salades ou être jointes aux tisanes.
Toutes les informations culinaires ou phytothérapeutiques ne sont données qu'à titre indicatif.
Merci de consulter un professionnel de la santé avant toute utilisation.