Figuier de Barbarie,
Nom commun :
Figuier de Barbarie,Nom latin :
Opuntia ficus-indicaAutres noms :
Figuier des Indes, figue du désert, nopal, semelle du pape, figuier d'Espagne, cardasse, oreille de MickeyFamille :
CactacéesOrigine :
MexiqueTaille :
3 - 5 mDescription
Figuier de Barbarie car il a été importé en Afrique du Nord (anciennement appelée "Barbarie" ou "Berberie"!). On l'’appelle aussi Figuier des Indes car il est originaire des Antilles (Indes Occidentales à l'’époque de C. Colomb ). Opuntia ferait référence par erreur à la ville grecque d'Oponte où poussait une herbe au goût agréable.
Comme les raquettes avaient la réputation d'’être antiscorbutiques, la plante fut rapidement diffusée dans le monde par les marins (idem pour le citronnier). En Europe occidentale, sa zone d'élection est le sud de l'Italie (Sicile), l'Espagne et certains endroits du Midi de la France. En Australie, son invasion est un fléau: sa progression a pu être partiellement enrayé par son ennemi naturel: la cochenille Coccus cacti. De la femelle de cet animal élevée sur Opuntia cochenillifera (qui ressemble à O. ficus-indica) a été extrait, pendant longtemps, un colorant rouge à des fins alimentaires (connu sous le nom peu poétique d'E 120) et cosmétiques, notamment au Pérou et aux îles Canaries (Lanzarotte). De 1626 au XVIIe siècle, les nopaleries étaient les activités les plus rémunératrices de l'archipel des Açores. Mais, la production s'effondra avec l'apparition des colorants de synthèse (1850-1870). Avec la mode des produits naturels et l'interdiction de la cramoisine (E 122), le rouge carmin de ces cochenilles est revenu sur le marché. Les Péruviens sont les plus gros producteurs (80% de la production mondiale). Les Mexicains (état d'Oaxaca) obtiennent ainsi plus de 50 nuances de rouge, du rose au violet. Le colorant E 120 entre dans la composition des saucisses de Francfort (donc non garanties halal et casher), le tarama, des yaourts,des glaces, des pâtisseries, les cosmétiques sous la référence CI 75470 (rouge à lèvres, eye-liners, mascara, ombre à paupières). Pour avoir 1kg de teinture, il faut sacrifier 70 000 cochenilles. Les insectes sont récoltés à la main, tués à la chaleur (au choix: ébouillantés, cuits au soleil ou au four!), séchés pour perdre un tiers de leur poids et broyés. Pour préparer le carmin, on les ébouillante dans l'ammoniaque et le carbonate de sodium. On rajoute enfin de l'alun pour précipiter les se d'aluminium rouge.
L'opuntia développent à la fois des racines profondes et superficielles.
Considérées comme des feuilles, les raquettes sont -en fait- des cladodes c'est-à-dire des tiges modifiées, de forme aplatie de 30 à 40 cm de long et de 1,5 à 3 cm d'épaisseur. Unies les unes aux autres, elles tendent d'ailleurs à former des branches. Recouvertes par une cuticule cireuse, les raquettes portent des aréoles qui sont formées de pores (pour les échanges gazeux) et de soies caduques et piquantes. Les raquettes sont de véritables réservoirs d'eau. Les fleurs jaune orangé, puis les fruits (vert bleu virant au jaune orangé une fois mûrs) se développent souvent sur les raquettes de première année sur des cactus âgés de 3 à 7 ans. Les fleurs ont des étamines sensibles: touché, le filet de l'étamine se redresse. En septembre-octobre, les fruits sont cueillis avec une gaule munie d'une sorte de sécateur. Mangés en grande quantité, ils colorent l'urine en rouge! Pour les priver de leurs sournois aiguillons, on peut les brasser dans l'eau ou utiliser une fourchette pour maintenir la figue et un couteau pour couper les deux extrémités et la fendre longitudinalement pour écarter la peau. Sinon, il suffit de mettre des gants! En Espagne, les barbaries sont vendues déjà épluchées. Dans la région de Malaga, elles sont conservées entre des pains de glace, sur des charrettes.
Au Mexique, avec 100 kg de fruits, on fabrique 25 L d'alcool. A Oaxaca (Mexique), on propose aux touristes un granité de figue (nieve de tunas).
On prépare la tequila avec le coeur de la plante, cuit, pressé et fermenté.
Les opuntias servent aussi pour lutter contre l'érosion des sols et les incendies (plante ignifuge), comme haies défensives, comme biocarburant, comme fourrage d'urgence en période de sécheresse ou dans les zones à faible pluviosité (la variété inerme). Un hectare fournit jusqu'à 100 kg de raquettes par an.
Lors de nos sorties éco-touristiques et de nos balades en Gironde, nous avons trouvé les plus beaux exemplaires dans les serres du jardin botanique de Bordeaux La Bastide et du Bourgailh (Pessac).
CULTURE:
Il faut s'armer de patience pour voir la graine germer (un an) après avoir subil'épreuve du froid. Il est donc préférable de le repiquer en sol NON HUMIDE (planter les cactus sur un talus caillouteux) et assez pauvre (2 parties de sable calcaire + 1 partie de terreau). Pas d'arrosage en hiver (à 5°C). Un arrosage par semaine en été. Plein soleil. Brumiser de temps en temps.
Le figuier ne craint pas un gel sec léger (-4°). Malgré nos précautions (protection en évitant la condensation), nos tentatives de cultiver le figuier de Barbarie en plein air ont été réduites à néant au cours des périodes de gels intenses et humides en février 2012. Il faut dire que, dans notre région, leur culture en extérieur 12 mois sur 12 n'a rien d'évident tant sont nombreux les facteurs limitants: trop d'humidité lors des froids hivernaux (rouille), sol asphyxiant... Par contre, la photographie de droite montre que les Opuntias fructifient généreusement dans la serre du jardin botanique de Bordeaux (code Su 32). Lors de nos sorties découvertes et éco-touristiques que nous organisons en Gironde, nous avons été impressionné par la collection d'opuntias, située à l'entrée des serres de ce jardin botanique de Bordeaux-Bastide que nous vous invitons à aller découvrir sur place.
Pour les cactophiles, voici une liste d'opuntias suffisamment rustiques pour rester en pleine terre en permanence (s'il n'y a pas d'humidité): O. basilaris (- 15°; pas d'humidité!),O. aciculata ou O. engelmanii variété aciculata (résiste à -8°), O. astripina (- 15°; très florifère dès qu'il atteint 20 cm de haut), O. hintonii (- 8°), O. longispina (- 8°), O. macbridii variété johnsonii (-12°), O. erectoclada, O. humifosa (10 cm; raquettes sans épine plaquées au sol), O. imbricata (50 cm; fleurs pourpres en été), O. phaeacantha, O. polyancantha (= missouriensis), O raffinesquei (petite taille; fleurs jaunes en été), O. rhodenta, O. rutila, O. vulgaris, O. robusta (fruits rouges à pulpe douce; opuntia qui a les plus grosses raquettes), O. cardona.
A noter que les aiguillons de certains opuntias auraient peut-être servis lors des rituels de sacrifices humains.
* Remarque: Dans certains scènes de films ayant pour thème l’Antiquité (Empire Romain, Grèce), on voit ces cactus. En fait, c’'est une erreur car ils n’ont pu être introduits en Europe qu’après la découverte de l’'Amérique (1492)!
Application en phytothérapie
Propriétés cicatrisantes, exfoliante, hydratante et anti-âge (rides, vergetures, soleil).
Les fibres solubles et insolubles des raquettes ont des propriétés lipophiles (elles piègent les graisses alimentaires) et ont un effet coupe-faim (en gonflant dans l'estomac). Des guérisseurs aztèques auraient sauvé la vie de Charles Quint atteint d'ulcères avec des emplâtres de raquettes (les feuilles coupées en deux doivent être chauffées légèrement au four): Charles Quint surnomma alors la plante "le Dieu médecin". Les Indiens Quechuas (hauts plateaux de Bolivie) soignent les maux de têtes et les migraines chroniques en appliquant des raquettes fraiches sur le front (ce serait plus efficaces en appliquant des cataplasmes de broyat dans l'eau chaude). Arrosées de vinaigre, en cataplasmes sur la poitrine, elles combattraient la fièvre typhoïde. En décoction, sa pulpe s'administrerait en lavement contre la dysenterie!
Riche en fibres, magnésium (85 mg/100g), calcium, potassium, vitamine C (69 mg/100 g)et B2, provitamine A, glucides (15%), polyphénols (660 mg/100 g) dont les bétalaïnes et assez calorique (60 Cal pour 100 g), ces fruits sont d'un grand intérêt dans les régions désertiques. Ils donnent de bons résultats pour enrayer les diarrhées estivales, pour les régimes minceur, contre le cholestérol et le diabète tout en facilitant le travail des reins. Les Mexicains utilisent son jus (sucré avec du sucre de canne) pour calmer la toux. Les bétalaïnes aide à préserver les cellules du stress oxydatif.
Les fleurs sont diurétiques et antispasmodiques: elles s'utilisent en cas de cystite, de production insuffisante d'urine et aussi pour stopper les fortes coliques.
Les recettes de cuisine
LA PLUPART DES CACTUS NE SONT PAS COMESTIBLES: leur pulpe contient trop d'oxalate de calcium.
HEUREUSEMENT, IL Y A QUELQUES EXCEPTIONS, dont les figues de barbarie (principale essence fruitière des Indiens avant 1500):
On détache les fruits (à la pulpe corail ou rouge) en les enserrant dans l'extrémité d'un bâton trifide que l'on tourne sur lui même. Au Mexique, les fruits du figuier de Barbarie sont consommés frais (saveur sucrée avec un parfum floral; goût de pastèque), séchés (comme les figues), cuits (marmelades) ou conservés dans un sirop. Ils servent à faire des compotes, des boissons, des pâtes de fruits et le fromage "queso de tuna" (jus bouilli, puis fermenté 24 h et enfin cuit jusqu'à consistance pâteuse). En coupant les fruits en rondelles et en les recouvrant de sucre roux, on extrait -10 h plus tard!- un sirop qu'il faut filtrer pour le séparer des semences. Il se boit chaud.
Parmi les cactus, c'est le genre Opuntia qui offre le plus de variétés comestibles. Les autres opuntias qui donnent des fruits comestibles sont: O. leucotricha (le fruit ressemble à une petite pêche à chair citronnée et rafraichissante), O. cardona (plus résistant au froid), O; robusta, O. monocantha, O. tuna, O. vulgaris, O. streptacantha, O. robusta, O. bergeryana.
Plusieurs cactus-cierges du genre Cereus (aux tiges cylindriques plus ou moins ramifiées) donnent aussi des fruits comestibles: C. chichipe (les chichitumas), C. chiotillas (les chiotillas). Les Hylocereus et les Selenicereus donnent des pitayas dont il existe plusieurs variétés en taille, en couleurs et en saveurs (vendus en France): l'espèce la plus surprenante est, à notre avis, l'Hylocereus undatus au fruit écailleux et rouge, gros comme un oeuf, à la pulpe fluorescente! Comme leurs noms l'indiquent, les Myrtillocactus produisent des baies comestibles discrètes, de la taille d'une myrtille: les garambullos qu'on sèche ou avec lesquels on réalise des confitures.
Le jus tiré des fruits (notamment ceux d'Opuntia cardona) donne, en fermentant, des boissons alcoolisées, comme le colonche ou calonche. Le sirop brun clair (sistor) du fruit de Cereus giganteus devient, par fermentation, une sorte de bière (tiswein).
Les JEUNES raquettes d'Opuntia, sans épines, coupées, se mangent cuites à l'eau (comme des haricots mangetouts), revenues à la poêle ou confites (sucre, vinaigre): ce sont les nopals. Elles accompagnent les viandes.
Les jeunes tiges d'O. subulata (rustique) sont consommées comme des haricots verts. De même, poussant parmi les épines, les jeunes et tendres de feuilles de Pereskia (P. acuelata) servent de salades (crues) ou d'épinards (cuites). Les fruits sucrés de la taille d'une cerise jaune orangé de P. acuelata se mangent aussi.
Enfin, à partir de la pulpe des Ferocactus et des Echinocactus, on confectionne une confiserie (acitron, cactus candy).
Plusieurs de ces cactus sont visibles à Mérignac.
BEIGNETS SUCRÉS DE FLEURS DE CACTUS:
voir la fiche cucurbitacées "recette"
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