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Frêne commun

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Nom commun : 

Frêne commun

Nom latin : 

Fraxinus excelsior

Autres noms : 

Frêne élevé, grand frêne, fragne, fresne, quinquina d'Europe, arbre des centenaires, lizar (basque)

Famille : 

Oléacées

Origine : 

Europe, Caucase

Taille : 

20 à 40 m

Description


Le genre Fraxinus comprend une cinquantaine d'espèces peuplant l'hémisphère Nord-Est de l'Amérique, Europe, Asie orientale).
Le FRÊNE COMMUN est l'arbre emblématique des populations slaves (comme le chêne chez nous): c'est l'arbre fondateur du monde, celui qui supporte la voute céleste. Appelé Yggdrasill, son feuillage abrite des animaux mythiques: l'écureuil Ratatoskr, le serpent Nidhogger, le cerf Eikthynir... Les Slaves croyaient qu'il avait le pouvoir de repousser les serpents. Odin tenait de cet arbre la science sacré des runes. Il fut l'arbre emblématique de Poséidon. Achille y fabriqua son javelot. Saint Patrick aurait chassé tous les serpents d'Irlande avec un bâton en frêne. Virgile l'appelait "l'honneur de nos forêts". On y trouve les morilles à son pied. En France, les frênaies représentent 2% de la surface des forêts (Aisne), mais c'est surtout en alignement (y compris dans les villes) qu'on le trouve ("forêt linéaire"!) car c'est un arbre qui préfère les lisières (et l'humidité). En compagnie des bouleaux, des charmes, des peupliers, des chênes pédonculés et des hêtres, les longues racines des frênes colonisent les sols frais, limoneux, riches, profonds, de pH un peu basique (taillés en têtards au bord de rivière) ou des terres abandonnées (les "accrues").
Chez nous, le FRÊNE ÉLEVÉ fut l'arbre d'alignement le plus planté (après le platane), notamment dans le bocage de l'Europe de l'ouest (jusqu'à la latitude 64°) et jusqu'à 1400 m d'altitude (où il se mêle aux hêtres et aux sapins). Il se raréfie en région méditerranéenne. La toponymie témoigne de son importance dans une vingtaine de nos départements (110 communes): Fresnes (94), Fresnoy (59), Fresnoy-le-grand (2), Fréchet (31), , Le Fraysse (81))... et dans notre région: Fréchou, Fréchendet, Fréchède. Les noms de famille sont aussi fréquents comme en témoignent ces noms célèbres: Fresnay, Freycinet, Fresnel.
Parmi toutes les espèces de frênes de notre pays, le frêne commun est le plus grand ("frêne élevé"). Sa présence garantit une biodiversité remarquable. Par exemple, c'est sur ses feuilles que l'on recueillait jadis la mouche cantharide (pour en faire un remède) car elles s'y abattent parfois en si grand nombre qu'on arrive à détecter leur odeur insupportable.
Le frêne fait partie des Oléacées, un groupe de plantes très évoluées dont les graines sont enfermées dans un ovaire clos.
Tronc élancé droit et nu sur une grande hauteur, bourgeons gros et noirs caractéristiques, douce écorce gris cendré*, fragiles rameaux, cime ample mais peu touffue, feuillage léger lui confèrent une belle esthétique.
L'enracinement très puissant est formé de robustes racines qui s'étalent horizontalement ce qui lui permet de défier les tempêtes. Les plus jeunes d'entre elles ont une couleur blanc jaunâtre. Les jeunes rameaux sont légèrement aplatis vers leur extrémité. Les feuilles sont caractérisées par un nombre impair de folioles dentées (9 à 15), non pétiolés et une apparition très tardive en saison, bien après les panicules de fleurs brunâtres (avril-mai). Lors de la chute des feuilles (octobre), les folioles tombent d'abord abandonnant leur rameau porteur sur l'arbre (il tombera plus tard). Autrefois, tous les deux ans en général, les feuilles servaient de fourrage d'hiver dans les régions où le foin était rare. Leur composition (30% d'hydrates de carbone; 5% de protéines) en font un aliment pour le bétail au moins égal à la luzerne (boeufs, chèvres, moutons). On trouve encore des traces de ces massifs forestiers, plantés près de vieilles fermes en Europe du nord.
Les fleurs, petites et sans calice, apparaissent en bouquets denses, bien avant les feuilles: elles viennent à l'aisselle des bourgeons latéraux des rameaux courts de l'année précédente (bourgeons subapicaux). On trouve tous les cas possibles pour les fleurs: arbre avec que de globuleuses fleurs mâles (pour les forêts destinées à la sylviculture), arbre avec que des fleurs femelles plus allongées, arbre portant à la fois des fleurs hermaphrodites, des fleurs mâles et des fleurs femelles! Les massifs destinés à la sylviculture sont composés presque exclusivement d'individus mâles, plus rentables.
La fructification est assez irrégulière: il peut rester stérile pendant plusieurs années consécutives (notamment en montagne). Les fruits se reconnaissent tout de suite: sur l'arbre, ils forment des grappes pendantes de samares simples (samare = graine prolongée d'une aile membraneuse), aplaties, à aile allongée, oblongue, contenant chacune une seule graine. En raison de leur forme, les apothicaires les appellent "langue d'oiseau (des officines)" (linguae avis, ornithoglossae officinarum). Elles restent fixées sur l'arbre une bonne partie de l'hiver et ne s'en séparent souvent qu'au printemps, un an après la floraison. A moins qu'elles ne soient semées vertes, elles ne commenceront à germer que l'année suivant leur chute. Sa grande prolificité en samares lui a valu une réputation (injustifiée) d'arbre aphrodisiaque.
Le frêne élevé produit un bois aussi recherché que le noyer ou le merisier (mais assez peu durable). Jadis, ce bois à la fois tendre, dense, rosé, souple, nerveux et résistant (sans vrai coeur), aux fibres droites, faciles à travailler servait à fabriquer les skis, les lances, les rames, les tonneaux, les seaux, les arcs, les manches d'outils (douleurs et ampoules réduites car il encaisse les coups à notre place!), les meubles et les châssis des véhicules. En résumé, son bois surclasse tous les autres bois indigènes pour les travaux demandant une haute résistance à la flexion, aux heurts et aux secousses. C'était d'ailleurs le bois le plus employé par les charrons. Sans tanin, il ne dénature pas les aliments qui sont à son contact (pelles à boulanger et à grains). Ce bon bois de chauffage présente l'avantage de pouvoir brûler sans être totalement sec. Depuis 2008, le frêne commun et le frêne oyphylle sont attaqués par la chalarose: un champignon (Chalara fraxinea) pour lequel on n'a aucun remède, si ce n'est de repérer les souches résistantes et de ramasser (et de brûler) les feuilles tombées des arbres isolés. Partie de l'Est de la France, cette attaque couvre déjà un tiers du Nord de notre pays. Les arbres atteints (surtout les jeunes) se reconnaissent au flétrissement, puis à la perte partielle ou totale des feuilles en plein été, à l'écorce nécrosée de couleur orange-âtre tirant sur le marron et au bois gris en dessous.Pour plus d'informations, consulter "la garance voyageuse" N° 317 p. 61.
Le frêne aime les sols riches, humides, ensoleillés: son couvert léger ne produit qu'un ombrage léger (contrairement au hêtre). En sous-bois, les arbustes et les herbes nitrophiles reçoivent donc suffisamment de lumière pour se développer. Sa longévité est de 150 - 200 ans. Les pépiniéristes diffuse une variété à rameaux pendants: Fraxinus excelsior "pendula". Le semis est la seule méthode de multiplication, mais les graines ne lèvent souvent qu'au bout de 18 mois. La partie aérienne de la plantule ne pousse guère durant les cinq premières années, puis elle s'élève vigoureusement par la suite.

Le frêne élevé se différencie des autres frênes indigènes par ses bourgeons franchement noirs (jamais noirs chez les autres), le terminal gros de 5 à 10 mm, des feuilles plus grandes (30 cm) avec au moins 7 folioles (5 à 9 chez les autres), des samares plus larges (jusqu'à 1 cm) échancrées au sommet.
AUTRES FRÊNES INDIGÈNES

- Le frêne à feuilles étroites FRAXINUS ANGUSTIPHYLLA (frêne oxyphylle, frêne à feuilles de chêne). En fait, les botanistes regroupent, sous cette dénomination, plusieurs sous-espèces à l'identification délicate. Cet ensemble se différencie du frêne élevé par ses exigences écologiques et le bourgeon (couleur, grosseur). Il est bien présent dans notre région du Sud-ouest et en zone méditerranéenne (rarement au dessus de 300 m d'altitude). Il est plus petit (15 m) et avec des folioles moins grandes, plus étroites, plus rétrécies au sommet et moins nombreuses que le frêne commun. Les petites dents de la bordure, moins nombreuses, s'incurvent vers l'arrière (vers le sommet chez le frêne commun). L'écorce est davantage fissurée. Les écailles de ses bourgeons (moins sombres) sont brunes (et non noires). Les folioles, moins nombreux (5 à 11), n'ont pas les bords dentés sur toute leur longueur. Le port est moins rectiligne. La graine des samares occupe la moitié de l'aile membraneuse.

- Le FRÊNE A FLEURS Fraxinus ornus (frêne blanc, orne), de petite taille (4 à 10 m) et au tronc court à l'écorce toujours lisse, est le seul frêne à toujours posséder des fleurs odorantes complètes, avec un calice et surtout une corolle de quatre pétales. Elles forment des panicules terminales sur des rameaux feuillus. Chaque fleur, de couleur crème, minuscule (5 à 6 mm), parfumée, apparait en avril-mai, avant les feuilles. Ces dernières apparaissent tardivement. Cette floraison tardive et profuse suffit à le différencier des autres frênes. En dehors de la période de floraison, il se reconnait aisément à chacun de ses folioles portée par un petit pétiolule et à ses bourgeons terminaux gros et cendrés. sa cime est bien plus fournie que celle des autres frênes. Chaque feuille (20 à 30 cm de long), plus fine que celle du frêne commun, est constituée de 5 à 9 folioles à marge ondulée et dentelée. Sur la face inférieure, la base de la nervure est pubescente. Si elles ont des taches, c'est le signe de l'attaque par un champignon: l'anthracnose des frênes. C'est le frêne dont les bourgeons ont les écailles les plus claires: les gros bourgeons floraux sont bien visibles en hiver. Le houppier est de forme plus globuleuse que chez le frêne commun. Les oblongues petites samares (brun rougeâtre) ont une large aile membraneuse. On le trouve naturellement en Corse et en dans les Alpes du Sud (basse montagne uniquement). Il est très rustique (-25°). Dans les zones les plus chaudes de son aire, ses feuilles (manna di fronda) et son écorce (manna forzata) exsudent une gomme d'un saveur fade et douce qui se prend en masse dans la journée: la manne des apothicaires (miel aérien, miel de rosée) qu'il ne faut pas confondre avec celle du mélèze. On la récolte encore en Sicile.

FRÊNES NON INDIGÈNES

- Le frêne à manne FRAXINUS ROTONDIFOLIA (ou frêne de Calabre) fournit un excellent purgatif pour les personnes délicates (enfants, seniors): il secrète un suc abondant, entre midi et le coucher du soleil, en juin et juillet. Cette manne, à odeur de miel et à saveur sucrée, s'épaissit progressivement et devient jaunâtre. On distingue: la manne en larmes (la plus estimée) et la manne grasse. Fraîche, elle n'est pas purgative et elle est alors utilisée comme le miel et le sucre.

- Dans notre région bordelaise, un frêne d'Amérique FRAXINUS AMERICANA se trouve dans l'enclos pharmaceutique du Jardin botanique de Talence dans le parc de Peixotto.

* Avec le temps, l'écorce se fissure profondément et se crevasse horizontalement et verticalement.

Application en phytothérapie


Peut-être trouverez-vous encore un herboriste qui vous vendra ses feuilles séchées pour faire des tisanes à la saveur subtile de sous bois avec une note acide? Sa solide réputation d'assurer un bon fonctionnement à l'organisme a été validée scientifiquement: la décoction des feuilles (ramassées vers la Saint Jean) et surtout des fruits (cueillis avant maturité), en cure longue, agit par diurèse et diaphorèse en éliminant l'acide urique et les autres poisons du sang. Combien de goutteux presque impotents, d'arthritiques et rhumatisants âgés lui doivent d'être soulagés avec ces préparations aussi simples que peu onéreuses! Le thé de feuilles de frêne (voir ci-dessous "recettes de cuisine") est une boisson de jouvence (au même titre que l'angélique et le fumeterre: voir ces fiches). On attribue cette propriété de ralentir le vieillissement aux polyphénols (antioxydants) et au mannitol (capteur de radicaux libres).
Ses vertus anti-inflammatoires proviendraient d'un flavonoïde (le rutoside) et l'activité diurétique serait due au mannitol et aux sels de potassium présents dans la feuille. L'infusion de feuilles fraiches (fin juin) est donc toute indiquée pour traiter la goutte, les rhumatismes, l'arthrose, les oedèmes et autres problèmes de rétention d'eau. Elle purge sans violence.
Les mucilages ont un effet laxatif très doux.
L'amère écorce des rameaux de 2-3 ans (récoltée en avril) et les samares sont astringentes et fébrifuges (quinquina du pauvre), surtout pour les fièvres intermittentes.
Quasiment oubliée aujourd'hui, la manne de frêne ou manne des apothicaires (exsudat provoqué par une entaille du tronc) était recherchée pour ses propriétés diurétiques, laxatives et anti-inflammatoires (édulcorant).
Les antagonismes entre végétaux et animaux sont encore mal connus: il semblerait que le frêne élevé aurait quelques effets antidotes sur les venins des reptiles, au même titre que la bardane et le genêt à balais.
Chez le frêne à fleurs, avec son écorce, on fabrique aussi un fébrifuge: le quinquina d'Europe.


Les recettes de cuisine


En Angleterre, les jeunes et tendres samares du frêne élevé (donc avant leur maturité) sont immergées dans du vinaigre ou du sel, après avoir enlevé leur amertume dans deux eaux bouillantes successives (comme pour les crosses de la fougère aigle). Pour préparer un thé de feuilles de frêne, il faut récolter de jeunes feuilles (encore couvertes de leur enduit collant et sucré) et les faire séchées sans leur pétiole. Longévité assurée, parait-il (voir le paragraphe précédent " Application en phytothérapie")!! Les feuilles de frêne servaient aussi à falsifier le vrai thé!
La fermentation bien conduite des feuilles dans l'eau sucrée ou miellée donne une piquette appelée "frênette". Pour les amateurs, essayez au moins la simple macération avec une légère fermentation.
Enfin, on prétend que les racines seraient comestibles.

Préparation du cidre de frêne (ou frênette ou frênée):
Faire bouillir des feuilles de frêne (si possible enduites du miellat des pucerons!) et de cassis dans de l'eau, avec très peu de chicorée. Au bout de 30 minutes, rajouter un sirop (mélange de sucre et de miel), avec un peu de levure fraiche et du jus de citron. Laisser fermenter une dizaine de jours et boire rapidement car la frênette ne se conserve guère qu'une semaine. Cette boisson se trouve parfois dans le commerce...

Le frêne à manne donne, par incision de son tronc, une gomme durcissant au contact de l'air, à la saveur si agréable qu'elle aromatise les gâteaux.
Toutes les informations culinaires ou phytothérapeutiques ne sont données qu'à titre indicatif.
Merci de consulter un professionnel de la santé avant toute utilisation.