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Genevrier commun

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Nom commun : 

Genevrier commun

Nom latin : 

Juniperus communis

Autres noms : 

Genièvre, petron, pétrot, genibre, grassi, gnèbre, peteron

Famille : 

Cupressacées

Origine : 

Europe

Taille : 

0,5 à 6 m

Description


Parmi les "résineux", il détiendrait un joli palmarès en "collectionnant" plusieurs records. Ce serait le plus répandu de l'hémisphère nord, de l'Islande jusqu'au bord de la Méditerranée. C'est aussi celui qui croît à l'altitude la plus élevée: il arrive d'en voir à 3500 m de haut. C'est le plus ancien puisqu'il poussait au temps des dinosaures, au Crétacé (100 millions d'années). C'est enfin le plus petit de nos résineux. C'est un pionnier: les genévraies (ou junipéraies) colonisent les lieux les plus ingrats. C'est une essence très plastique que l'on rencontre aussi bien sur les tourbières des Vosges que sur les calcaires du Bassin méditerranéen. Il est exigeant en lumière et il ne tolère guère les autres arbres (sauf les boulaies, les pinèdes et les chênaies dégradées).
Ses feuilles TRÈS piquantes le protègent des herbivores.
Le nom scientifique juniperus vient d’'un mot celte signifiant âcre à cause de la saveur des fausses-baies bleu noir (glabules, pomme de cèdre, genoivre, grain de baie) qui mettent deux ans (voire trois) pour mûrir. Ces petits cônes, plus courts que les feuilles, ne sont pas banals non plus: ce sont en réalité trois écailles résineuses et charnues soudées et recouvertes d’'une pruine bleutée. Ils s'apparentent donc davantage à des baies très légèrement pulpeuses et un peu juteuses. A la différence des autres résineux, les écailles des "cônes" des cupressacées ne sont pas libres et pas lignifiées (pas sèches). Ces "baies" mettent deux ans pour mûrir: elles sont vertes la première année. Lors de nos sorties éco-touristiques et de nos balades dans la nature en Gironde, nous les avons récolté, lorsqu'elles sont encore assez fermes et bien foncées (juste après les premiers gels), en secouant l’'arbre avec une corde attaché au tronc. On peut aussi battre le feuillage avec un bâton. Les pseudo-baies sont recueillies sur un drap (ou une chemise) posé au sol. On les sépare ensuite des impuretés (aiguilles) par flottation dans l'eau. Un buisson couverts de "baies" (il y en a toujours des vertes et des mûres d'un joli bleu-noir) est femelle et il a besoin d'un genévrier mâle dans les parages pour fructifier. A la fois amers et très parfumés comme de la térébenthine (surtout si on les écrase), ces "baies" servent, à petites doses (car ils sont plus ou moins toxiques), de succédané au poivre pour aromatiser les mets et les boissons.
Le brûlage du bois de genévrier sert à enfumer les charcuteries alsaciennes et les poissons/viandes salées dans les pays nordiques car il est parfumé et il brûle doucement. Qui a coupé un genévrier connait la dureté de son bois et son agréable senteur aromatique! Compact, imputrescible, d'un beau coloris rougeâtre, ce bois a un grain très fin et prend un beau poli. Avec son bois qui permet de conserver l'eau saine longtemps, on réalise des seaux (montagnes de Sainte Claude) et des palissades. Au jardin, nous nous en servons comme tuteurs de très longue durée. Au sud de l'Europe, on recueille, par de profondes incisions dans son tronc, une résine odorante (sandaraque, vernis gomme de genevrier), jadis employée comme antihémorragique et anticatarrhale.
Généralement dioïque (sujets mâles et sujets femelles) très ramifié, il répand une agréable odeur balsamique qui est celle de tous les crayons fabriqués avec une espèce américaine voisine (Juniperus virginiana **** dont un magnifique exemplaire de 27 m de haut et de 2,65 m de circonférence se trouve au Domaine de l'I.N.R.A. à Pierroton 33162)). Son allure varie: souvent fuselé, mais aussi rampant. la floraison est peu visible vers avril-mai. Les aiguilles sont glauques, persistantes (vert bleu de loin), piquantes (en forme d'alène) regroupées 3 par 3, de 1 mm de large. La face supérieure de l'aiguille présente une seule bande blanche; face inférieure vert sombre. Son écorce se desquame en longues et étroites bandelettes. La plante est protégé en Europe Centrale. Sa longévité est de l'ordre de 300 - 400 ans. On extrait l'huile de cade par pyrogénation du bois. Au Moyen-âge, le genévrier était considéré comme un remède universel aux propriétés miraculeuses.

AUTRES GENÉVRIERS INDIGÈNES (mais attention! ceux-là sont toxiques)

* Le genévrier sabine J. sabinus est le plus criminelle des genévriers! Il était la plante abortive la plus utilisée en Allemagne (dans 90% des cas, il semblerait que la mère mourrait sans expulser le foetus!): autant dire que les occasions ne manquaient pas de trépasser par sa faute! A tel point qu'il fallait protéger d'une solide grille en fer les plants des jardins botaniques (comme la rue en France: voir la fiche "RUE") et que la plante fut interdite de plantation et de commercialisation en Autriche (jusqu'au début du XIXe siècle) et en Allemagne (jusque sous le IIIe Reich)! Sachez que la seule application externe des rameaux (ou des fruits) broyés sur une petite lésion suffit à provoquer des accidents internes et on ne connait aucun antidote spécifique. Comme il orne souvent les rocailles des parcs publics (!), cette remarque montre que, même dès l'âge de l'enfance, il est indispensable de bien savoir reconnaitre des plantes voisines pour s'éviter de passer directement de la table au cimetière.

** Le genévrier de Phénicie Juniperus phoenica (ou mourven) porte à maturité de jolis fruits rouge brique. Toute la plante est toxique. Il couvre les garrigues de Basse-Provence et du Languedoc. Mélangé aux cistes et aux filaires, il forme le célèbre bois des Rièges, en Camargue, la seule forêt vraiment primitive des plaines françaises.

*** Le rare genévrier thurifère Juniperus thurifera est souvent confondu avec le genévrier sabine, malgré unport dressé et ses fruits bien plus gros. Ce petit arbre vigoureux a une souche puissante et un tronc souvent tourmenté. La station la plus proche de notre région se trouve à Saint-Béat (Haute-Garonne).

ET UN GENÉVRIER INTRODUIT (également toxique!)
**** Le genévrier d'Amérique ou de Virginie J. virginiana (ou cèdre à crayons) n'est pas indigène comme son nom l'indique. Il se caractérise par ses tout petits fruits toxiques, d'une couleur bleu sombre couvert d'une pruine blanc bleuté et ses rameaux quadrangulaires et grêles. De croissance lente et rustique, il vieillit en se dégarnir de la base. Il est utilisé pour la fabrication des crayons et par les facteurs de pianos.



Application en phytothérapie


Depuis plusieurs siècles, on connait ses propriétés purificatrices, antiseptiques et tonifiantes (renforcement des défenses immunitaires). Par exemple, son action sur la diurèse était déjà connue des Romains au IIIe siècle avant notre ère (et son bien fondé a été reconnu par des études scientifiques au XXe siècle). Son bois ou ses baies étaient brûlés pour assainir l'atmosphère: lutte contre les épidémies dans les villes (Hippocrate et la peste à Athènes), hôpitaux français jusqu'au XIXe siècle, fumigations pour lutter contre le rhume.
Ces petits cônes contiennent des constituants intéressants pour notre santé: 30% de sucre inverti, de la pectine, des résines, des huiles essentielles (qu'on retrouve dans le gin ou la genevrette). Mais, leurs propriétés s'atténuent vite: il faut les renouveler au bout d'un an.
Le genévrier désinfecte, donne une bonne haleine, soigne l'acné, le manque d'appétit, les oedèmes, les plaies, les règles, les rhumatismes. Alors, n'hésitez pas à ajouter quelques baies à vos tisanes!
Le vin de genièvre (ou la tisane ou l'huile) est considéré comme antirhumatismal.
Apéritif et digestif, il est utile en cas de maux d'estomac, de troubles biliaires ou d'affections urinaires (dont la cystite). En effet, les baies empêchent les calculs rénaux et les désagrègent. Les baies accompagnent les cures amincissantes et détoxifiantes. Selon une croyance populaire non démontrée, elles dissiperaient les peurs et les passages à l'acte.
Les galles sur les aiguilles (provoquées par petit moustique) s'utilisaient jadis contre la coqueluche.
l'huile de cade, extraite de Juniperus oxycèdrus, permet de lutter contre les poux et les maladies cutanées.


Les recettes de cuisine


ATTENTION! A doses élevées, la baie de genièvre peut irriter l'appareil urinaire et provoque une surexcitation. Interdit aux femmes enceintes (le gin anglais était surnommé le "malheur des mères!)! Autrement, sa saveur chaude, amère, avec un arrière-goût de térébenthine persistant longtemps en bouche, convient à tous les plats lourds à digérer: quel régal de glisser des baies dans un sanglier ou sous les ailes d'une grive rôtie, un jambon (Allemagne), un court-bouillon, une volaille, les potées aux choux, les pâtes et les pâtés, les salaisons, les confitures douceâtres (pastèque, pêche), l'huile d'olive, les eaux de vie de céréales et les boissons (gin, genivrette, eau de vie de genièvre, genever hollandais)! Pour les plats qui cuisent longtemps, on introduit des "baies" entières (et cassées pour ceux qui cuisent moins longtemps).
Comme l'asperge, les baies communiquent une odeur de violette à l'urine!
En faisant confire les baies dans le sucre, on obtient les "dragées de Saint Roch" (en manger 3 ou 4 à la fin des repas facilite la digestion). On fabrique aussi une confiture noire très parfumée (voir recette ci-dessous, à consommer avec modération pour ne pas être surexcité.
De l'eau de vie dans laquelle macèrent quelques "baies" d'un et deux ans peut servir de boisson pour accompagner la choucroute.
La genevrette (bière de genevrier, gâtinais) se prépare avec le jus des baies mis dans un volume double d'eau, aromatisé de feuilles d'absinthe (il est préférable de la remplacer par du miel ou des pommes). Après une fermentation de 30 à 40 jours, on filtre. Comme elle ne conserve guère (8 jours), mieux vaut en préparer des quantités modestes. Le genièvre et le gin résultent de la redistillation d'une eau de vie faite avec les baies.

VIN DE BAIES DE GENIÈVRE:
Mettre une vingtaine de morceaux de sucre et un bon bol de "baies" de genièvre bien écrasées dans un litre de vin blanc. Laisser ensuite macérer pendant au moins deux semaines.

CONFITURE DE BAIES DE GENIÈVRE:
Mettre de l'eau sur les baies juste la quantité nécessaire pour les immerger. Après une heure d'ébullition, écraser les baies, passer le tout au tamis pour récupérer le jus. Rajouter entre 500 et 700 g de sucre par litre de jus. Réduire en portant doucement à l'ébullition jusqu'à ce qu'une goutte prélevé se fige en se refroidissant. Il faudra écumer régulièrement au cours de l'ébullition.
Les baies du genevrier oxycèdre J. oxycedrus (ou cade) sont mangeables de la même manière: en Corse, on glisse deux graines dans le corps des petits oiseaux que l'on va rotir. Il est courant autour de la Méditerranée parmi les cistes. Ses feuilles sont un peu plus longues et marquées de 2 bandes blanches sur le dessus. L'huile de cade sert contre les maladies de peau.

ATTENTION AUX CONFUSIONS! Les genévriers munis de feuilles en aiguilles ne sont pas toxiques (Juniperus oxycèdrus ou cade, par exemple). Ce dernier est un bel arbuste plus trapu, glauque, aux rameaux souvent pleureurs, aux gros fruits couleur de terre cuite (à la saveur plus douce que le précédent). On le trouve sur les 100 premiers kilomètres de bordure méditerranéenne.
Par contre, ceux qui ont de minuscules feuilles en écailles (imbriquées masquant la tige) sont TOXIQUES. Voici une liste de genevriers dont les baies sont non comestibles: genevrier sabine J. sabinus*, genévrier de Phénicie Juniperus phoenica**, genevrier thurifère Juniperus thurifera***, genévrier d'Amérique ou de Virginie J. virginiana**** (ou cèdre rouge), genévrier de Chine J. sinensis. De plus, il faut savoir aussi que toutes les espèces de Juniperus qui ne produisent pas d'aiguillons ont des baies toxiques.
Toutes les informations culinaires ou phytothérapeutiques ne sont données qu'à titre indicatif.
Merci de consulter un professionnel de la santé avant toute utilisation.