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Ginkgo bilobé

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Nom commun : 

Ginkgo bilobé

Nom latin : 

Ginkgo biloba

Autres noms : 

Arbre aux 40 écus, arbre aux mille écus, arbre des pagodes, arbre aux cheveux de Vénus, noyer du Japon, arbre aux pattes de canard

Famille : 

Ginkgoacées

Origine : 

Chine

Taille : 

30 m (Museum de Paris)

Description


Dans le monde végétal, le ginkgo tient une place étonnante et unique. A tel point qu'il constitue à lui seul un genre (biloba), une famille (ginkgoacées), un ordre (ginkgoales) et une classe (ginkgores)! Il faudrait que l'homme soit le seul mammifère de la planète pour occuper dans le monde animal une place comparable à celle du ginkgo!
Véritable fossile vivant (il existait déjà avant les dinosaures), cette relique fait partie des préspermatophytes (apparu à la fin du Dévonien il y a 350 millions d'années) dont il est le seul survivant actuel avec les cycas. Il triompha de la fin du Primaire au milieu du Secondaire. C'est un miraculé des premiers matins du monde, un survivant de l'aube des temps. Il a réussi à survivre à tous les cataclysmes que la Terre a connu; il a vu disparaitre des milliers d'espèces d'animaux et de plantes. Le ginkgo a traversé les millénaires avec une remarquable constance génétique. Cet être archaïque n'est plus une fougère, mais pas encore une plante à graines. "L'arbre qui pond des oeufs" représente à lui seul deux (r)évolutions sexuelles: d'une part, l'invention de l'élément mâle et du grain de pollen, d'autre part, l'invention du préovule encapsulé pour le protéger. Tous les deux (préovule et grain de pollen), pour la première fois, pouvaient désormais survivre en dehors de la présence d'eau. C'est le seul exemple actuel encore vivant des premières plantes à "ovules" (il y a 150000000 d'années!): c'est donc une mémoire vivante d'une importante étape de l'évolution des plantes (avant qu'existent les premiers arbres -les conifères-). Cet ancêtre de tous les arbres pond en quelque sorte des "oeufs"! Mais la fécondation ne se déroule pas sur la plante-mère! Les mâles (groupées en chatons de 3 à 5 cm de long, lors du débourrement, en mai) et les femelles (peu visibles et nues, sur un long pédoncule, elles vont par paires) sont sur des pieds différents. Les pieds femelles fabriquent, à partir du printemps, de gros préovules. La rencontre préovule-pollen a lieu vers avril-mai: le pollen atterrit au sommet du préovule et s'immerge dans une cavité (la chambre pollinique) où un petit trou laisse écouler un fluide visqueux qui emprisonne le grain de pollen. Puis, le trou se referme et le gamète mâle doit attendre pendant de longs mois de frustration l'instant de la fécondation... qui n'aura lieu qu'en septembre (après avoir nagé vers le gamète femelle). Qu'il y ait ou pas fécondation, l'arbre femelle met à la disposition de l'ovule des réserves. A l'automne, ces faux fruits jaunes, semblables à des mirabelles, tombent au sol, bourrés de substances nutritives. Avant l'automne, personne ne peut dire s'il s'agit d'un ovule stérile avec des réserves inutiles ou s'il s'agit d'un embryon! Le ginkgo femelle fait comme la poule qui pond des oeufs stériles et fécondés (avec le coq). Au moment de la fécondation, ce préovule est déjà tombé sur le sol et, six à huit semaines après la chute au sol, il germe directement sur place si les conditions le permettent (notamment une température dépassant 12°C). Comme sous nos latitudes il fait trop froid en cette saison, l'arbre n'a pas de descendance. La complexité de la fécondation rapproche plus le ginkgo du règne animal que du règne végétal. Notre "oeuf" se développent alors immédiatement comme un poussin, sans aucun stade de repos. Il n'existe pas de période de vie ralentie, comme chez les végétaux à graines (la graine permet de retarder la germination de plusieurs mois ou plusieurs années). Aussi, est-il inutile de chercher des sachets de graines de ginkgo! Si ces ovules ne sont pas fécondées, ils pourriront en dégageant une épouvantable odeur de beurre rance et d'excréments.

Il y a 150 millions d'années, des forêts entières couvraient la Terre: il était présent en Europe il y a trente millions d'années. Il y avait même 12 à 17 espèces différentes dans le monde. Désormais, il n'y a en plus qu'une: le ginkgo bilobé! Et, à l'époque des tout premiers hommes, il ne poussait plus que dans l'Est de la Chine. Il semble avoir été l'objet d'une vénération dès le début de l'humanité. Il aurait été cultivé par quelques autorités qui utilisaient sa feuille comme monnaie d'échange. Au Xe siècle, les prêtres bouddhistes plantèrent cet arbre sacré dans les parcs-jardins de leurs temples, les lieux de cultes et les cimetières. Et cette protection originale dans les Monts Tianmusan le sauva d'une probable extinction du fait des variations climatiques. L'existence d'arbres sauvages semblait peu vraisemblable jusqu'à une époque récente, mais quelques stations ont été retrouvées dans les forêts des montagnes de Chine. C'est la fable du faible qui triomphe du fort, selon les valeurs du tao. L'allemand Kaempfer le découvrit au XVIIè siècle. Il voulut lui donner le nom japonais de son pseudofruit (ginkYo: gin = argent, kyo = abricot) mais il se trompa (ginkGo). Le premier spécimen européen fut planté en 1730 au jardin botanique d'Utrech (Hollande), puis à Vienne (1768). C'est en Angleterre que les premiers plants s'adaptèrent le mieux (Gordon, 1754). En 1780, un botaniste amateur français Pétigny soûla un vendeur dans une taverne, à Londres, pour obtenir, en versant la somme dérisoire (?) de 200 écus, cinq ginkgos (soit 40 écus chacun, d'où le nom de cet arbre). Presque tous les ginkgos de France viennent de ces 5 exemplaires. Sa généralisation dans les jardins s'est répandue à partir de 1860. Il est planté au coeur des villes car il est très résistant à la pollution, y compris radioactive (à Hiroshima, l'un d'entre eux - situé à 1100 m du lieu de l'explosion de la bombe atomique de 1945- survécut puisqu'il a produit un bourgeon un an plus tard et c'est aujourd'hui un arbre vigoureux!*). A New-York, les ginkgos remplacent les arbres morts le long des grandes avenues. La longévité de cet arbre est de l'ordre de 2000-3000 ans. Résistance au froid (- 20°), à la sécheresse et aux insectes (les feuilles séchées assurent la conservation des livres), longue persistance de sa maturité sexuelle (comprise entre la 20è et la 1000è année), capacité à inhiber virus et bactéries sont quelques raisons de la formidable survie de ces arbres. Cela laisse entrevoir les formidables potentialités du ginkgo dans la prévention du vieillissement et aussi pour le soigner, aussi bien du point de vue cérébral, cutané qu'auditif et oculaire. Une culture a d'ailleurs été entreprise en Gironde.
Jeune, il a un peu le port d'un conifère. Cime arrondie avec de fortes branches horizontales chez les pieds femelles (qui ont aussi des bourgeons différents des pieds mâles). Puis, il s'étale avec des branches irrégulières, peu ramifiées, avec des rameaux horizontaux et retombants vers le bas, structurés en pousses longues et courtes. Les feuilles caduques originales, en éventail avec une encoche au milieu ("biloba"), épaisses et larges de 10 cm, groupées par 5 ou 7, vertes, virent d'un seul coup au beau jaune d'or à partir de novembre (d'où le nom d'"arbre aux mille écus"). Les feuilles des pieds femelles tombent 15 jours après celles des pieds mâles. Les nervures sont rayonnées et se ramifient de façon répétée. Les vieux ginkgos asiatiques émettent des chichis, sortes de racines qui pendent des branches comme des stalagmites (pour plus de précisions, consulter le site de la pharmacie de Bordeaux: http://www.socpharmbordeaux.asso.fr/ (onglet "actualités" les chichis du gynkgo).
Lors de nos sorties découvertes et éco-touristiques que nous organisons en Gironde, nous avons été impressionné par la production de rares exemplaires femelles, plantés dans le jardin botanique de Bordeaux (celui de la rive gauche, dans le jardin public) que nous vous invitons à aller découvrir sur place, à l'automne: celui près d'une entrée atteint 25,50 m de haut avec 3,70 m de circonférence. Un autre, près du Museum, est plus grand (27 m de haut; 1,23 m de diamètre). Enfin, le jardin de la Mairie de Bordeaux possède un exemplaire de 24 m de haut et 1,2 m de diamètre. Au niveau du N° 9 de la place Menard (Bordeaux), un autre de 19 m de haut et de 1 m de diamètre environ.
En dehors de notre département (Gironde), les plus beaux et plus vieux ginkgos se trouvent près de Limoges, à la gare de Saint-Sulpice-Laurière: dix mâles et deux femelles offerts en 1864 par le prince impérial du Japon à l'ingénieur ferroviaire Leffe.

* Pour relativiser l'exploit du ginkgo, il ne fut pas le seul arbre à survivre. Le plus résistant fut un saule pleureur (à moins de 400 m du cratère de la bombe), ainsi qu'un houx à feuilles rondes qui reprit vie quatre ans plus tard.

Application en phytothérapie


Depuis près de 4000 ans, la médecine chinoise utilise ses cataplasmes de feuilles pour combattre les engelures.
En Amérique, le ginkgo est cultivé en grandes plantations (jusqu'à 500 ha) pour des buts médicinaux. Il contient, en effet, deux types de substances actives:
- les lactones terpéniques (dont la quercetine, le kaempferol, les ginkgolides A, B, C et le bilobalide): ginkgolides et bilobalide nous protègent des troubles cérébraux (comme la perte de mémoire, les vertiges, la démence, le stade précoce de la maladie d'Alzheimer) et favorise le métabolisme du glucose cérébral;
- les flavonoïdes contenus dans les feuilles ont des vertus antioxydantes et seraient le secret de la longévité des moines tibétains. Mao Tsé Toung en aurait été un heureux bénéficiaire.
Utilisées en emplâtres, les feuilles préviennent les engelures. Le ginkgo est vasodilatateur et combat la vieillesse, les maux de tête, la maladie de Reynaud, la claudication intermittente, les lésions de la rétine, les acouphènes et l'anxiété. C'est aussi une plante aphrodisiaque pour le sexe masculin.
La noix du fruit posséderait une réelle action tuberculostatique. Selon la médecine traditionnelle chinoise, les noeuds des ramifications favoriseraient la montée du lait chez les femmes.


Les recettes de cuisine


Fétide dehors, doux dedans!
Sous la chair nauséabonde et toxique du "fruit", se cache -dans une fragile coque- une amande délicieuse (noix de ginkgo), ressemblant à une pistache, quand elle est cuite dans l'eau. Les Japonais en font même des conserves ("ginan"). Chez les Chinois, on la sert lors des mariages car elle a la réputation d'être aphrodisiaque. Profitez de cette très rare occasion pour les déguster le dernier week-end d'octobre au jardin de la biodiversité de Mérignac car, contrairement au Japon, la plupart des ginkgos plantés en Occident sont des pieds mâles afin d'éviter les mauvaises odeurs.
Toutes les informations culinaires ou phytothérapeutiques ne sont données qu'à titre indicatif.
Merci de consulter un professionnel de la santé avant toute utilisation.