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Gui

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Nom commun : 

Gui

Nom latin : 

Viscum album

Famille : 

Loranthacées

Taille : 

1 m de diamètre

Description


Qui ne connait pas cet arbrisseau "aérien" des plus étranges qui dédaigne la terre du fait de son parasitisme! Les rameaux verts et cassants se divisent régulièrement en deux chaque année car le bourgeon terminal avorte et ce sont les rameaux latéraux qui se développent. Cette disposition régulière des branches permet de connaitre son âge: autant de rameaux (= d'articles), autant de croisements, autant d'années.
Les feuilles de 2 à 8 cm sont opposées, sessiles, coriaces, entières, persistantes (elles restent 2 ans et plus sur le rameau). Les pieds mâles et les pieds femelles sont séparés. Le gui produit une pseudo-baie de 6 à 10 mm, sphérique, blanche, à pulpe visqueuse, avec une graine dure. Le gui est disséminé par les oiseaux: grive draine Turdus viscivorus (= "grive qui mange le gui"), fauvette à tête noire, mésange bleue, sittelle, pigeon ramier... Comme on fabrique de la glu à partir de la baie et que cette glu servait à capturer les oiseaux, un proverbe latin affirmait: Malum sibi avem cacare (= "l'oiseau chie son propre malheur"); nous vous prions de nous excuser mais c'est la traduction littérale!).
Voici la recette traditionnelle pour fabriquer la glu (bien pratique en jardinage bio pour piéger pucerons et fourmis). La méthode est très simple! On extrait la glu de l'écorce du gui ou de celle du houx. C'est, de préférence, au mois de mai qu'on enlève l'écorce des plantes les plus jeunes. On la fait tremper d'abord dans l'eau bouillante afin de la séparer de la pellicule noirâtre qui la recouvre et qui salirait la glu. On triture ensuite cette mixture dans un mortier. On la laisse fermenter à température assez chaude pendant 15 jours. Lorsqu'elle colle bien aux doigts, on la lave dans de l'eau pour séparer la glu des parties ligneuses. Le volume final obtenu est environ 7 fois plus petit que le volume de départ des écorces.
Lorsqu'un oiseau avale une baie de gui, la graine traverse son appareil digestif sans encombre. Si elle tombe sur une branche d'arbre à l'écorce fine, elle restera collée par la pulpe plus ou moins visqueuse (viscine) et il lui faudra une année pour germer. Elle émettra d'abord une petite excroissance (l'hypocotyle). Celle-ci est très différentes des radicules des autres plantes à fleurs: l'hypocotyle est gluante et verte, elle se dirige vers l'écorce (vers le bas ou vers le haut suivant que la graine est collée dessus ou au-dessous de la branche). Elle s'étale en disque et puis elle émet un suçoir primaire qui pénètre le bois. Ensuite, le gui émet des cordons corticaux, sorte de "stolons" qui porteront des suçoirs secondaires qui donneront naissance à de nouvelles touffes.
Le gui pousse très lentement: deux ans après, sa taille est d'un centimètre. Il faudra sept à huit ans pour qu'il soit enfin visible de loin. Si vous observer un brin de gui de bonne taille jaillir avec plein de vigueur de l'écorce, c'est qu'il s'agit d'un rejet de pied mère proche. Quand l'attaque du gui se limite aux branches, il se produit un gonflement au point d'insertion, d'autant plus important que la touffe du parasite est importante. Sur les branches mortes, des lignes de trous disposés en chapelets plus ou moins réguliers (comme si l'arbre avait essuyé une rafale de mitraillette) sont les empreintes des anciens suçoirs. Le gui peut déformer les branches et les rendre inutilisables pour la sylviculture (boules, pousse anarchique). Il n'est pas rare qu'après la touffe de gui la branche-hôte se dessèche (privation de sève) tellement qu'elle dépérit.
Il est difficile de se débarrasser du gui: on peut essayer de scier la branche bien en amont de la touffe.
Le gui n'est qu'à demi-parasite: certes, il pompe l'eau et les sels minéraux dans la sève de la plante-hôte, mais il est capable de synthèse chlorophyllienne.
Certains arbres sont des "proies" faciles pour le gui: pommier, peuplier noir de culture et tremble, faux-acacia, tilleul, sorbier, saule, aubépine, tilleul, sapin, pin (en montagne), amandier, y compris les plantes toxiques (laurier rose, ailanthe). Le gui est très rare sur des arbres réfractaires (cette immunité s'expliquerait peut-être de la composition chimique de leur écorce riche en tanin): parmi eux, citons les bétulacées (aulne, bouleau), corylacées (noisetier, charme) et fagacées (chêne, châtaignier, hêtre), genêt à balais,peuplier d'Italie, poirier, cerisier, orme, buis. Aucun hêtre n'est parasité en France! Le gui est "cannibale" puisqu'il se parasite lui même! C'est pour cela que l'on peut voir un pied de gui qui porte à la fois des fleurs mâles et femelles.
En France, il est très rare de voir le gui sur nos chênes indigènes et c'est toujours sur des chênes sessiles, pédonculés. De nos jours, une quinzaine de ces chênes sont parasités dans toute la France (Chaux, Montargis), alors qu'auparavant il y en avait davantage: il y en avait autant (14) rien que dans le département du Loir-et-Cher en 1913. Il parasite un peu les chênes américains (dont le chêne des marais).
Il semblerait qu'il y ait trois variétés de gui: un gui des feuillus (le plus répandu, toujours à moins de 1500 m d'altitude; baies globuleuses; graines à marges droites), un gui du pin (baies plus ou moins en poire; graine à marges convexes) et un gui du sapin (baies jaunes; feuilles jamais trois fois plus longues que larges).
Formées en été, les fleurs ne s'ouvrent qu'à l'été suivant. Les mouches sont les principaux transporteurs de pollen. Tout le monde sait que les fruits sont mûrs en hiver (décoration typique de Noël associée au houx).
A faibles doses, le gui est brouté par les ruminants et les cochons: dans notre département girondin, dans l'Entre-Deux-Mers, naguère, les porcelets étaient nourris de gui bouilli (donc cuit) (cette pâtée visqueuse s'appelait la viscarade ou la biscarade).


En Europe (mais pas en France), il existe un autre gui: Viscum cruciatum, à inflorescence courtement pédonculée, à baies rouges. On le trouve au sud du Portugal et au sud-ouest de l'Espagne.
Enfin, une espèce voisine des guis (Loranthus d'Europe L. europaeus) parasite, lui, les chênes et les Fagacées d'une manière générale. On le trouve à l'est de l'Allemagne et u sud-est de l'Europe (jusqu'à l'Italie). Il se différencie du gui par ses baies jaunes et en grappes. De plus, ses feuilles sont caduques. Signalons aussi Arceuthobium oxycedri, aux allures d'algue minuscule qui parasite à mort pratiquement que les genévriers en région méditerranéenne, créant des malformations ressemblant aux balais de sorcière.
Chez les Gaulois, le chêne est l'arbre-roi, l'incarnation de la force végétale et le pilier du ciel (voir la fiche "chêne" sur ce site Web). Et tout ce qui pousse dessus ne peut qu'être une manifestation de la volonté divine, un envoyé du ciel, surtout si cette plante reste verte en hiver: le gui encore vivant sur le chêne apparemment mort st un spectacle qui devait impressionner nos lointains ancêtres, avides de signes à interpréter! Voilà, probablement pourquoi les druides (entièrement vêtus de blanc) ramassaient une fois l'an le gui avec une faucille d'or (symbole du soleil?), après avoir sacrifié deux taureaux blancs. Le gui ne devait pas toucher terre pour garder ses pouvoirs; aussi, était-il recueilli dans un drap blanc. Vous remarquerez qu'il y a beaucoup de "blancheur" dans ce rite sacré, comme les baies blanches et sphériques du gui: tout cela fait penser à un culte dédié à la lune ronde (fécondante et maternelle), d'autant plus que les phases lunaires étaient les unités de temps des gaulois (mois lunaire) et que le gui fructifie au coeur de l'hiver (début de l'année lunaire, moment où le soleil est au plus bas et la nuit obscure -représentant sans doute les forces des ténèbres- la plus longue donc époque de la lune triomphante). S'approprier cet instant crucial, c'est un peu s'attribuer un peu de la puissance divine! En fait, c'est presque un mariage cosmique que célébrait le druide. Par la suite, cette pratique s'est poursuivi détaché de son contexte initial, modifiée par le déclin du paganisme et récupérée par l'Église. De nos jours, l'allié du royaume de la nuit a conservé son aura. Devenu gri-gri ou objet de superstition, on l'accroche comme décor des fêtes de fin d'année et on s'embrasse dessous en ayant oublié son ancienne puissance. Pourtant, en secret, ne lui demande-t-on pas encore, inconsciemment, de résoudre nos problèmes au seuil de chaque année nouvelle?

Pour des explications complémentaires (et très ludiques), lire le numéro de la revue LA HULOTTE n° 48 (premier trimestre 1981).

Application en phytothérapie


C'est une plante toxique dont l'usage médicinal (antispasmodique, hypotensif, anticancéreux) doit être entièrement confié au médecin.


Toutes les informations culinaires ou phytothérapeutiques ne sont données qu'à titre indicatif.
Merci de consulter un professionnel de la santé avant toute utilisation.