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Orme

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Nom commun : 

Orme

Nom latin : 

Ulmus

Autres noms : 

Ormeau, ypréau, yvet, aloum, ourme, ourmel, lourmel

Famille : 

Ulmacées

Taille : 

30 m environ

Description


Le mot "orme" vient de « olme », provenant lui-même de « ulmus » (latin) et « lemos » (gaulois). A partir de François Ier, les ormes apparaissent en ville pour orner les « mails » (parce qu'on y jouait aux boules avec des maillets). Henri IV et Sully développèrenet ces plantations le long de toutes les routes et à la sortie des églises. Pour les Grecs et les Romains, l'orme était sacré: c'était l'arbre d'Oneiros (fils de la nuit et Dieu des songes) ou de Morphée (Dieu du sommeil et des rêves, fils d'Hypnos le sommeil, lui-même frère de Thanatos, le trépas). Mort, sommeil et rêves sont donc étroitement liés à l'orme. Les Romains en firent le support de leurs vignes. Planté sur la place du bourg (Béarn), il fut l'arbre des rendez-vous (l'expression "attendez-moi sous l'orme" signifie qu'on ne viendra pas à une convocation ou un fin de non-recevoir!), des joutes pacifiques des trouvères (dès le IXe siècle), du lieu de paiement des impôts ou de la justice (surtout à l'époque de la Gaule franque et de la France médiévale; le juge portait le titre de "juge de dessous de l'orme" et l'orme servait parfois de gibet, une fois la sentence rendue, comme celui situé devant le orche de l'église Saint-Gervais-Saint-Protais à Paris!). Quelques légendes lui donnent une réputation sulfureuse, en relation avec les forces du mal: dans notre région, à Biscarosse, l'orme (au centre de l'ancien bourg) porte une auréole de petits rameaux sans chlorophylle. Ce serait les traces d'une jeune fille infidèle morte ici, exposée nue victime de la vindicte populaire! Pour satisfaire les gros besoins en bois d'oeuvre (charronnage, affûts), il fut massivement planté sous François Ier, Henri II (surtout) et sous Henri IV. Colbert interdit d'abattre les ormes sans l'autorisation d'un commissaire d'artillerie (affût à canons). Il est vrai que ces ormes gênaient les paysans de l'époque (ombre, entrave aux passages du matériel) qui se vengeaient en coupant clandestinement les "sullys" (ou "rosnys").L'orme était autrefois l'arbre le plus répandu dans les villes et les villages.
Les vieux ormes ont l'écorce fissurée et crevassée, une cime épaisse et vert sombre. Les feuilles caduques, alternes, simples, doublement dentées, rugueuses, sont souvent nettement dissymétriques à la base (comme chez le micocoulier): une moitié du limbe se termine en arrondi sur le pétiole, l'autre moitié en angle aigu légèrement décalé. Cela permet de les distinguer du charme qui a des feuilles semblables mais symétriques. Sur les rameaux terminaux, les feuilles d'orme sont disposées sur deux lignes dans un même plan de part et d'autre du rameau d'ordre inférieur Cette disposition (ramification distique), rare chez les arbres, permet de reconnaitre l'orme de loin. Son feuillage en mosaïque capte plus de lumière que les autres. riches en hydrates de carbone et en protéines, il convient bien à l'alimentation du bétail (moutons en hiver).
Les fleurs hermaphrodites, en glomérules rouges, apparaissent en mars sur les rameaux de l'année précédente. La floraison a lieu bien avant la feuillaison. Les fruits sont très précoces puisqu'ils tombent avant que les autres arbres n'aient fleuri!
Les fruits (samares) apparaissent en mars-avril avant les feuilles. Rassemblés en boules, ils sont entourés d'une aile translucide et mince, rouge-verdâtre. Ils sont mûrs fin mai. S'ils tombent alors qu'ils sont à moitié mûrs, la germination se déroule dans l'année. Par contre, s'ils tombent à maturité, elle se fera au printemps suivant.
En Italie, l'orme vivant sert de soutien à la vigne.
Il se multiplie par semis, mis à terre à leur chute (en juin). Les samares lèvent presque aussitôt et les plantules atteignent 20 à 30 cm dès la première année. Puis, 30 à 50 cm chaque année les années suivantes.

Le bois de cette espèce de haute-futaie et des campagnes ouvertes (haies) est le nec plus ultra de l'ébénisterie avec le chêne dont il a des qualités voisines (ameublement et charpente). Résistant à l'eau (comme le chêne) et moins coûteux que lui, les Romains l'employaient déjà pour fabriquer les piles de pont. Et il entrait dans la construction des bateaux et des pilotis (à Venise et à Amsterdam). Ce très bon bois de feu est lourd, dur, élastique, difficile à fendre (fibres entrecroisées), facile à polir et teindre. C'était le bois le plus apprécié des charrons d'autrefois (roue des charrettes). Il servait aussi de tuteurs (vigne), de jougs, de poulies, de traverses de chemin de fer et on fabrique toujours d'excellents escaliers et rampes avec ce bois idéal qui ne fait pas d'échardes). Hélas, la croissance du tronc peut être désordonnée et il a alors plusieurs défauts (noeuds, rayures, fentes) et son séchage est délicat et très long (6 à 7 ans, voire 12 à 15 ans pour les charrons). Mais, c'est justement les excroissances de son tronc qui produisent les ondoiements de sa loupe et son beau veiné (entrecroisement et coloration des fibres) qui convient si bien aux meubles et au placage (marqueterie). Avec l'écorce, on fabriquait une teinture jaune, des nattes, du papier, des cordes et du tannin.
Mais pourquoi l'orme n'est-il plus actuellement omniprésent? C'est à cause de la graphiose (ou maladie hollandaise de l'ormeau; appelée DED en Grande-Bretagne) qui a détruit 90% des ormes adultes en France. Elle est engendrée par un champignon microscopique parasite (Ophiostoma ulmi, Caratocystis novoulmi plus virulent). Ce dernier sécrète une substance toxique qui provoque la formation de tissus gommeux obstruant les vaisseaux (on voit une zone noire trombotique à la coupe). Le champignon est apporté par les scolytes (insectes xylophages). Vers le mois de juin, l'arbre commence par avoir un dessèchement soudain des rameaux du pourtour de la frondaison (perte de feuilles), puis -au bout d'un à trois ans- les grosses branches sont atteintes et l'orme meurt très rapidement, en quelques mois. Cette maladie, apparue durant les années 1920, resta bénigne jusqu'après guerre avant de devenir un fléau dès les années 1960. Comme le premier orme malade est apparu en Hollande, la graphiose est aussi appelée "maladie hollandaise de l'orme". Au point qu'il n'existe plus en Europe Occidentale que quelques rares arbres adultes ayant mystérieusement résisté à la maladie. Jamais une telle épidémie aussi foudroyante et générale n'a été relatée dans l'histoire européenne. Compte tenu de son relatif faible poids économique, l'arbre n'a bénéficié qu'aucun remède vraiment efficace, mis à part la création de quelques cultivars et d'un orme hybride résistant du Japon, ainsi que l'hybride Ulmus x hollandica. Les autres solutions sont:
- d'infecter les champignons responsables par un virus (appelé "d-facteur") qui s'attaque spécifiquement aux champignons.
- de les planter dans les zones polluées des villes (incompatibles avec la survie des scolytes).
- de les planter près de l'eau car on a remarqué que beaucoup d'ormes non atteints poussent en bordure de sources, rivières ou des étangs.
La plante n'est cependant pas menacée d'extinction, car la maladie n'attaque que les sujets adultes. Or, l'orme drageonne énormément: les haies se maintiennent donc grâce à de nouvelles pousses qui apparaissent sans cesse à proximité des grands arbres morts... mais qui dépérissent à l'adolescence avant d'atteindre l'âge adulte. On voit donc de moins en moins d'ormes en fleurs ou portant des fruits! Néanmoins, les drageons permettent de conserver le potentiel génétique de l'orme. Normalement,l'orme peut vivre jusqu'à 5 siècles. C'est l'un des arbres forestiers les plus faciles à transplanter: il se repique encore à l'âge de 20 ans!
Dans l'attente du renouveau de l'orme, les cartes gardent la mémoire de sa présence dans divers lieux: La Croix de l'Orme, l'Ormerie, l'Orme au pendu, le Grand Orme... De même, pour les patronymes: Delhorme, Desormeaux, Ormesson, Delhoumeau... Et avec de légères modifications: Ormesson, Dormoy, Desormières, Hommeau, Homme. On retrouve aussi la racine gauloise (lemos) dans la toponymie: Limoux, Limeil ou limènie.

En France, il existe trois espèces d'ormes indigènes. Diverses variétés d'ormes se côtoient: elles se ressemblent d'autant plus qu'elles s'hybrident allègrement. Les ormes ont en commun une écorce gris-marron et surtout toujours une feuille plus ou moins asymétrique à la base (un conseil: pour l'identification, ne pas regarder les feuilles des rejets aux caractères incertains). Chez les arbres adultes, on trouve des petites fleurs aux étamines rouges qui éclatent en bouquets au printemps avant l'apparition des feuilles et les petits fruits plats de 15 à 20 mm de diamètre avec une graine centrale bien visible.

L'orme le plus commun est l'ORME CHAMPÊTRE (orme rouge, ormeau des parcs) Ulmus procera ou Ulmus campestris, un bel arbre en dôme aux feuilles très asymétriques à la base et assez petites (mais néanmoins taille et forme peuvent varier considérablement à partir de la forme type). Les fleurs (mars-avril) sont ramassées en petits paquets au bout des rameaux: chaque fleur se compose d'un petit calice à cinq lobes, dans lequel se voient cinq étamines d'un pourpre foncé; au milieu se trouve un ovaire surmonté de deux styles. Apparaissant après les fleurs, les feuilles, munies d'un pétiole de 1,5 cm de long, sont glabres et lisses sur la face supérieure (mais plus rugueuses sur les drageons). Comme l'orme blanc, ses inflorescences sont non pétiolés (contrairement à l'orme pédonculé). La fructification débute vers 15 - 20 ans. Les samares sont glabres et la graine affleure dans l'échancrure terminale de l'aile. La variété suberosa se reconnait à ses ailes liégeuses qui garnissent ses jeunes rameaux et qui disparaissent ensuite peu à peu. On les observe surtout sur de jeunes sujets, poussant dans des sites secs et ensoleillés. La graine, située au dessus du centre, touche l'échancrure de la partie ailée. Elle a une tache centrale d'un rose intense. L'écorce, lisse et grisâtre jusqu'à une dizaine d'années, se gerce et se creuse profondément tout en s'assombrissant. Son tronc assez droit est fort rameux. Sa racine est traçante, dure et grosse. Le bois est robuste, dur, jaunâtre tirant un peu sur le rouge. L'arbre est envahissant car ses racines traçantes drageonnent énormément. On devrait presque parler de cette espèce au passé tellement elle a payé un lourd tribu à la maladie de la graphiose, sauf en ville et près des points d'eau. En montagne, il pousse jusqu'à 1100 m (ubac) à 1300 m (adret). Cette espèce aime le soleil. En théorie, sa longévité est de 500 ans. On trouvera les plus beaux exemplaires au Parc Bordelais (au fond du circuit d'éducation au Code de la Route). D'autres exemplaires se trouvent au Jardin botanique de Talence (parc Peixotto, non loin d'un angle de la zone Gymnospermes) et au parc de l'Ermitage de Lormont (au début du chemin de descente, à droite de l'entrée principale).

L'ORME DE MONTAGNE (orme de montagne, orme à grandes feuilles; "orme blanc" des charrons) Ulmus glabra a une silhouette beaucoup plus étalée, son tronc est plutôt gris argent, ses rameaux robustes et un bois de moins bonne qualité. Ses grandes feuilles très rugueuses le caractérisent. En effet, feuilles et samares sont plus grandes que chez l'orme champêtre. La feuille a deux pointes latérales dans le tiers supérieur du limbe. Le dessus de la feuille est rugueux comme du papier de verre! (et le dessous est souvent duveteux). Le pétiole de feuilles est court (entre 4 et 6 mm). Sur les pousses vigoureuses, on peut trouver d'insolites feuilles trilobées à leur extrémité qui n'existe pas chez les ormes champêtre et pédonculé. La tige est souvent trifurquée dès la base. Les samares sont pédicellées. Contrairement aux deux autres ormes, il ne drageonne pas. Son bois est moins intéressant que celui de l'orme champêtre. Il existe des formes pleureuses (pendula), dressées, à branches raides... L'arbre croit dans les zones ombragées de basse montagne (est et centre de la France).

L'ORME PÉDONCULÉ (orme diffus, orme lisse, orme diffus car son port est étalé) Ulmus laevis (U. effusa) est ainsi appelé car fruits et fleurs sont longuement pédonculés en inflorescence lâche (d'où la dénomination d'orme diffus Ulmus effusa). La feuille a un pétiole plus court (8 mm) que l'orme champêtre (15 mm): elle est moins rugueuse. Contrairement aux ormes champêtre et de montagne, les nervures latérales de la feuille ne sont que rarement fourchues à leur extrémité. La graine est située au centre de la samare et n'est pas atteinte par l'échancrure de l'aile (elle est entièrement entourée par l'aile membraneuse). Hérissé de petites branches gourmandes, le tronc est souvent muni de contreforts étroits à la base. L'une des caractéristiques de cet orme est d'être très, très drageonnant. L'orme diffus tient une place très secondaire dans notre flore: il pousse au Nord et à l'Est de la France. Son bois mou et très noueux est sans emploi.
L'ORME DE HOLLANDE Ulmus hollandica est un hybride de l'orme blanc et de l'orme champêtre: il a des branches rayonnantes et droites.
ATTENTION! Malgré son fruit ressemblant à celui de l'orme (samare ronde entourée d'une large membrane réticulée, contenant deux graines), l'orme de Samarie Ptelea trifoliata n'est pas un orme. Ces petits arbres sont présents, dans notre région bordelaise, au Parc Bordelais (chemin à droite de l'entrée principale).

Application en phytothérapie


Écorce et feuilles n'ont pas des propriétés bien fortes, mais l'orme est un bon docteur (et parmi les meilleurs!) pour l'éclat de la peau. Par ses tanins et ses mucilages, les décoctions de l'écorce (récoltée en février) sont toniques et astringentes. La seconde écorce (prélevée au printemps sur des rameaux de 2 ans), en infusion ou en pommade (faite avec cire d'abeille et huile d'olive), soigne les ulcères, les dartres et les eczémas. Les cataplasmes de feuilles et d'écorce semblent agir sur les plaies et les ulcères, les dermatoses, les névralgies et les rhumatismes.
Mêmes certaines galles d'insectes présentes sur les feuilles (vessie d'ormeau, boursette de l'orme) remplies d'un liquide ("eau d'orme") sont utilisées pour soigner les maux d'yeux, les brûlures et les coupures!


Les recettes de cuisine


Autrefois, les enfants grignotaient ses fruits avec délice: ils les appelaient le "pain des hannetons"!.
Toutes les informations culinaires ou phytothérapeutiques ne sont données qu'à titre indicatif.
Merci de consulter un professionnel de la santé avant toute utilisation.