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Plantes du littoral aquitain

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Nom commun : 

Plantes du littoral aquitain

Description


La végétation du cordon littoral joue de nombreux rôles : amortisseur de l'énergie marine, piège à sable protégeant l'arrière-pays, habitat de haute valeur patrimoniale, composante originale et attractive du paysage? Mais la situation marginale sur un liseré très étroit la fragilise, notamment face à la pression humaine croissante. D'où les gannivelles (palissades en bois) qui permettent d'accueillir et de canaliser le public sans dégrader le milieu.
Cette zone plus ou moins riche en sel marin, soumise aux embruns, aux vents marins, à l'influence des marées, constitue une bande côtière au niveau du sentier du littoral, tout autour du Bassin d'Arcachon. Les sables siliceux sont enrichis en calcaire coquillier, ce qui explique la présence de plantes aimant le calcaire. En s'éloignant progressivement de la mer pour aller vers l'intérieur des terres, on rencontre plusieurs cordons parallèles successifs:
* Les vasières (slikke) où poussent les zostères.
* Les prés salés (schorre): A la belle saison, ils offrent une remarquable palette de couleurs, avec ses parterres de salicornes, de soudes, d'obione, d'arroche, de lavande de mer.
* Le haut de plage, pauvre en espèces de plantes, n?est immergé que lors des grandes marées. Il s'y développe des végétaux annuels adaptés à une forte salinité et liés aux laisses de mer riches en matières organiques. Cette végétation présente rarement son plein développement, du fait de l'érosion marine et de la pression humaine (piétinement, nettoyage mécanique). Plantes les plus fréquentes : cakile maritime, arroche des sables, soude brûlée. Autres végétaux : bette maritime, soude commune.
* La végétation des banquettes (et des dunes embryonnaires s'il y en a) n'est que rarement submergée, lors des tempêtes ayant un très haut coefficient. Exposées au vent, quelques espèces sont adaptées pour résister à la mobilité du sable. Plantes les plus fréquentes : le chiendent des sables (agropyron) est le premier colonisateur, suivi ?en d?autres lieux- par l'euphorbe maritime, le liseron des sables, l'oyat, le panicaut de mer. Autres végétaux : cakilier, soude commune, ammophile des sables, silène de Thore, panicaut maritime.
* En arrière, les sables fixés ont une couleur grise car l'humus (gris) peut commencer à s'accumuler et à colorer le sable. Ils sont stabilisés par une pelouse de plus en plus riche, peuplée d'immortelles des sables et son cortège de plantes adaptées aux milieux secs et acides (canche blanchâtre).
* Puis, on arrive sur les digues (occupées par des arbustes comme les tamaris, le baccharis, le prunellier ou brai). C'est le passage progressif à la frange forestière ou à la ripysilve.

DESCRIPTION DE QUELQUES PLANTES RENCONTRÉES EN PARTANT DE L'INTERIEUR DES TERRES ET EN ALLANT A LA RENCONTRE DE L'EAU SALÉE
Plusieurs de des plantes présentées ci-dessous disparaissent complètement en hiver. Pour les voir toutes, privilégiez les balades à belle saison.

Orchidées :
Orchis morio et Serapias.

Phragmite :
Il colonise les secteurs où les sédiments sont récents et il s'accommode d'un substrat très mobile qu'il contribue à stabiliser. De plus, il supporte la présence modérée de sel. C'est un habitat riche en faune (rallidés, passereaux, ragondins).

Garance voyageuse Rubia peregrina (restelet, rebola, rapeguin, petite garance) :
A l'abri des premiers pins de la zone littorale, dans les zones thermophiles, elle est tinctoriale, mais plus grêle que la garance cultivée. Elle est fortement accrochante (aiguillons crochus aux angles de la tige et sur les feuilles). C'est une plante laxative, diurétique et tonique. Elle est fait partie du cortège des chênes verts et pubescents. Elle colore les os en rouge: on s'en est rendu compte lors d'un banquet, à la fin du XIXe siècle, en servant de la viande de porcs qui avaient mangé de la garance.

Hélianthème à gouttes (hélianthème tachée) :
Cette annuelle commune de 10-30 cm fleurit de juin à août : la fleur est à 5 divisions, à sépales très poilus et à pétales jaune citron, joliment tachés de brun à la base. Elle prospère en sous-bois de la frange forestière sèche, dans les terrains sableux et acides.

Sabline des montagnes :
Cette vivace, bien visible au printemps lorsqu'elle est en fleurs, a de nombreuses tiges, plus ou moins étalées. Les feuilles sont linéaires et sessiles : seule la nervure centrale est visible. On la rencontre en position marginale, en frange forestière sur sol siliceux, parmi les chênes tauzins notamment.

Lampourde antiscrofuleuse (herbe aux écrouelles) :
Originaire d'Amérique du Nord, cette annuelle pubescente de 30 à 80 cm présente une tige robuste, anguleuse et rameuse. Les feuilles, longuement pétiolées, sont aussi larges que longues, grisâtres en dessous. De juin à octobre, chaque pied porte des fleurs mâles (en têtes globuleuses et fournies) et des fleurs femelles (par deux, sans pétales). Les fruits sont hérissés d'épines droites et crochues au sommet. La plante pousse dans les endroits sablonneux, frais et incultes.

Immortelle des dunes :
Cette vivace de 20-30 cm de haut présente un aspect cotonneux, caractérisée par ses petits capitules globuleux et très odorants de fleurs jaunes toutes en tube disposés en corymbes terminaux serrés, se conservant bien par séchage (bouquet sec). Cette plante des lieux secs marque fortement le paysage entre l'arrière plage et la frange forestière. Comme elle ne résiste pas l'ensablement, cela donne une bonne indication sur la dynamique des sables : sa progression témoigne d'une phase de stabilisation du substrat.

Silène de Thore :
Fleurs renflées, blanches à veines verdâtres réunies par un ou deux au sommet des rameaux. Cette vivace de 10-20 cm pousse sur les sables mobiles et supporte donc l'ensablement en tendant à former de petites buttes. Endémique de l'Aquitaine. Dédié au botaniste landais qui étudia la flore des Landes (herbier à la société Borda à Dax).

Canche blanchâtre Corynephorus canescens (corynéphore blanchâtre) :
Cette herbe vivace de 10-20 cm de haut, en touffe très dense, a des tiges brillantes rouges à la base, oblongues. Les feuilles en brosse (courtes et raides), filiformes, enroulées, ont une teinte vert-bleu très marquée. Beaucoup de tiges sont stériles. Sur les sables acides et secs des dunes grises fixées avec l'immortelle.

Ammophile des sables (gourbet, oyat) :
Feuilles enroulées, à pointe aigue, pouvant s?ouvrir plus ou moins selon le degré d'hygrométrie ou de salinité. Ligule bifide d?au moins 3 cm. Long épi fusiforme. Sur les sables mobiles avec liseron des sables, panicaut maritime, euphorbe, silène de Thore et linaire à feuilles de thym.

Chiendent des sables (agropyron) :
Rhizome long de plusieurs mètres et blanchâtre (brunâtre chez la fétuque des sables). Feuilles glauques non enroulées. Epi à épillets séparés, alternes. Ligule très brève, bien distincte de l'oyat (longuement bifide).

Lagure queue de lièvre :
Sur les espaces piétinés des lieux secs et sableux. Cette annuelle toute molle et velue est caractérisée par un épi très décoratif, de 1-4 cm dense, ovoïde, blanc soyeux (épillets couverts de poils soyeux, d'où dépasse une longue arête dorsale tordue).

Tamaris Tamarix gallica :
Arbuste à rameaux rougeâtres et petites feuilles imbriquées. Petites fleurs roses en épi serré. Sert de brise-vent sur les digues car il résiste bien aux embruns et aux sols salés.

Prunellier (brai) :
Personne ne reste insensible à la floraison spectaculaire, généreuse et immaculée des prunelliers le long du chemin du littoral, au tout début du printemps. Son écorce sombre est crevassée horizontalement. Avec ses épines longues et acérées de la même couleur que l'écorce (brun noir), cet arbuste pionnier touffu (il est fortement ramifié dès le sol!) forme des haies épineuses défensives infranchissables (rameaux enchevêtrés). Les épines sont, en fait, des rameaux courts, avec bourgeons et feuilles, mais piquants à leur extrémité (alors que chez la majorité des plantes, les piquants sont plutôt des feuilles transformées). Dans ce palais d'épines et de drageons, les oiseaux se sentent à l'abri et aiment y nicher ou s'y réfugier. Les jeunes rameaux ont une écorce grisâtre, recouverte d'un duvet très fin et très dense qui devient luisante et brun noir foncé avec l'âge (d'où le nom d'épine noire).
Les feuilles du prunellier portent souvent des boursouflures rouges sur la tranche de leur limbe; le responsable est un acarien: le phytopte du prunier Eriophyes similis. A la fin de l'été, ces acariens (vivant en société) quittent la galle par une fente sur le dessus de la feuille pour hiverner près d'un bourgeon (ou sur l'écorce). S'ils sont très nombreux, ils peuvent aussi déformer les fruits.
Avez-vous vu des boutons floraux sautiller? En fait, il s'agit d'un petit charançon Anthonomus pedicularis qui est enfermé dedans. Cette larve en se contractant et en se détendant imprime ces mouvements, cachée dans son abri végétal.
Utilisé en marqueterie, le bois dur du prunellier sert aussi à confectionner des manches d'outil et de cannes.
Très tôt et avant sa feuillaison (sauf pour la variété coetanea), le prunellier se couvre d'abord de fleurs blanches (poussant directement sur le bois nu, sur les rameaux de deux ans, en mars) et légèrement odorantes (parfum d'amande amère). Puis succèdent les petites feuilles ovales aux bords finement dentés en scie: elles sont enroulées en cornet avant leur éclosion. Les prunelles bleu violet sont des billes brillantes, couvertes d'une pruine blanchâtre et très âpre avant les gelées (à cause des substances tanniques), puis noires et ridées après les gels. Chacune contient un noyau dur protégeant une amande unique.
C'est un ami de la lumière qui ne supporte pas le couvert sous les autres arbres. Son espérance de vie est fort courte (50 ans). Heureusement pour lui, l'une de ses particularités est sa faculté très marquée de drageonner. Au contact des sels ferreux, le tanin de l'écorce donne une encre noire (comme avec les noix de galles). Avec le bois du prunellier, on fait des cannes (les "bâtons d'épine") après l'avoir rougi dans l'eau de chaux (idem pour le néflier).

Armoise de Lloyd :
Cette vivace se présente en touffe de nombreuses tiges (souvent rougeâtres), ligneuses à la base. Elle caractérise la zone de transition des sables semi-fixés. Si elle est rampante, c'est une indication révélant un substrat stable. Mais, si elle est sur un monticule, c'est l'indice de la reprise du transit sableux. On peut aussi rencontrer en bordure des prés salés : l'absinthe de mer Artemisia maritima.

Euphorbe maritime :
Cette vivace de 30-60 cm secrète un latex blanc et visqueux à la cassure comme toutes les euphorbes. Les feuilles dures et épaisses sont imbriquées sur une tige plus ou moins dure. La racine en forme de pivot pénètre profondément dans le sable. Elle abonde sur les sables mobiles ou nus.

Pourpier de mer Honkenya peploides (nom dédié au botaniste allemand Honkeny) : Du fait d'une érosion dominante, il reste très localisé en Aquitaine en haut de plage sur les sables maritimes mobiles et grossiers. Cette vivace est la première plante terrestre qui peut former une frange de végétation dense. Sa tige couchée à 4 angles s'enracine aux noeuds et résiste ainsi aussi bien au déchaussement qu'à l'ensevelissement par le sable. Glabres et très charnues (d?où son nom de pourpier), les feuilles opposées sont très serrées : oblongues avec une pointe aigüe, elles sont imbriquées sur quatre rangs et peuvent passer du vert au jaunâtre. De mai à août, les fleurs sont blanc verdâtre. Le fruit est une capsule globuleuse de la grosseur d'un pois.

Liseron des dunes :
Vivace par sa souche traçante et grêle, il peuple la dune mobile avec l'oyat et la laiche. Très décoratives mais fugaces (un jour !), ses grandes fleurs (avril-août, voir octobre) roses à cinq raies blanchâtres sont bien visibles au soleil (4-5 cm de diamètre). Le fruit sec à deux loges s'ouvre pour montrer 4 graines lisses et noirâtres.

Panicaut maritime (chardon bleu des dunes, absent en ces lieux) :
Cette vivace rude et glauque de 30-50 cm disparait en hiver. Glabre, à tige très rameuse, il a une souche épaisse à longs stolons souterrains qui lui permet de vivre sur le sable mobile, en compagnie du liseron, de l'euphorbe et de l'oyat. Les feuilles coriaces sont épineuses, souvent bordées de blanc et parfois veinées de violet. De juin à septembre, admirez sa fleur bleue en globe terminal entourée d'un involucre de bractées épineuses. Sa fleur est l'emblème du Conservatoire du littoral car si cette espèce est abondante sur notre littoral aquitain, elle est considérée comme menacée par une cueillette excessive en Bretagne et plus au nord.

Baccharis à feuilles d?arroche (séneçon en arbre, cotonnier) :
Originaire d'Amérique du nord, cet arbrisseau toxique et très ramifié de 1 à 3 m est très opportuniste : il tend à envahir et à banaliser les milieux. Par exemple, lorsque les prairies cessent d'être pacagées et fauchées, le baccharis s'installe et envahit tout l'espace rapidement (il concurrence même les roseaux). Le milieu se referme alors et il y a une moins grande diversité d'oiseaux. Cela gêne, par exemple, la gorge-bleue, qui niche au sol et préfère des milieux plus ouverts. Pieds mâles et femelles sont distincts. Feuilles de différentes formes : les inférieures losangiques avec 3-5 dents de chaque côté ; celles des rameaux florifères plus étroites et en forme de coin, celles de l'inflorescence plus petites et entières. D'août à novembre, capitules de fleurs blanchâtres groupés en inflorescence terminale : les mâles larges de 3 mm, les femelles plus étroites. Le fruit côtelé porte une aigrette très voyante.

Arroche marine Atriplex halimus :
Ce buisson touffu de 1 à 2 m de haut, à rameaux ligneux, parait tout blanc argenté à cause de ses feuilles persistantes. Petites fleurs terminales jaunâtres insignifiantes en panicules.
Sur les hauts de plage (laisse de mer), on trouve deux autres arroches : l'arroche du littoral aux feuilles linéaires étroites et vert rougeâtre et l'arroche des sables aux feuilles argentées farineuses sur les deux faces (également dans les lieux sablonneux éloignés des côtes).

Plantains:
Le plantain maritime Plantago maritima se rencontre à proximité des prés salés. Ses feuilles charnues sont creusées en gouttière et ont trois nervures équidistantes.
Le plantain lancéolé P. lanceolata (herbe aux cinq coutures) a des feuilles avec 5-7 nervures et se développe plutôt sur les lettes et les dunes semi-fixées où la teneur en calcaire est plus élevée.
Le plantain corne de cerf P. coronapus (pied de corneille) a des feuilles variables, plus ou moins velues, allongées avec de petites ramifications un peu comme les bois d'un chevreuil. Il colonise les sables fixés et piétinés de la dune grise.
Présent sur la lette et sur les sables remués ou rapportés (surtout s'ils sont calcaires), le plantain des sables P. arenaria (herbe aux puces) est un des rares plantains à avoir une tige rameuse. Ses inflorescences globuleuses sont caractéristiques, ainsi que ses petites feuilles planes, opposées et linéaires .

Jonc de mer Armeria maritima (jonc marin, gazon d?Espagne) :
Ce gazon venant en touffes serrées de 5 à 30 cm de haut, est commun sur les vases salées du littoral. Feuilles linéaires de 3-6 cm de long, à une seule nervure. En mai-juin (parfois jusqu?en octobre !), la hampe florale 5-30 cm, pubescente, porte une tête globuleuse caractéristique de fleurs serrées, roses (parfois blanches). La gaine de la hampe florale est plus courte ou égale à la tête fleurie.
Beaucoup plus rare : l'armérie des sables Armeria arenaria (faux plantain), de 20 à 50 cm de haut, pousse sur les dunes et les sables maritimes, plus robuste et totalement glabre, la tête plus large et la gaine de la hampe florale 2 à 4 fois plus longue que la tête fleurie.

Saladelle Limonium vulgare (lavande de mer, limonium, statice) :
La saladelle est la fleur caractéristique du niveau moyen des vases salées du littoral et des esteys, ainsi que des zones lacustres appelées « sansouire », plaine salée des terres vagues et bords des réservoirs à poissons. Elle y côtoie la salicorne, les joncs marins, les plantains d?eau et bien d?autres espèces salines. Sa base vivace est constituée de grandes feuilles oblongues de 4-15 cm à ras du sol desquelles s?élance une hampe florale de 30 à 60 cm à rameaux étalés, puis arqués. Les bouquets, constitués de nombreuses et fines petites fleurs en épis serrés, violacées arrivent à maturité au mois d'août. Gorgée de sel, elle est inconsommable pour le bétail ; sa tige est même souvent recouverte d?une fine pellicule blanche d'écume salée. La saladelle se conserve des années en jolis bouquets de couleur lavande que l?on fait sécher tête en bas à l'air libre (d'où son surnom de lavande de mer). C'est la fleur symbole des gardians de la Camargue.

Troscart (triglochin) :
Il pousse dans les marécages maritimes soumis à l'influence saumâtre, prés salés, estuaires jusqu'à la limite des marées. Le troscart maritime est une sorte de jonc vivace de 15 à 60 cm, glabre, à souche courte épaisse, couverte de gaines blanchâtres provenant des anciennes feuilles. Les feuilles linéaires et aplaties sont un peu charnues, demi-cylindriques, caniculées en dessus. Un robuste épi fructifère de forme caractéristique (rappelant celle du plantain par sa longueur et sa compacité) dépasse les feuilles, à grappe fructifère très longue et compacte (rappelant celle du plantain) : il regroupe des fleurs minuscules et vertes (floraison de juin à août). Le triglochin voisine avec la salicorne et il est parfois soumise à des périodes de submersion.

Salicorne annuelle et sacocorne vivace (asperge de mer) :
Son nom vient de l'arabe "salcoran", mettant en évidence deux de ses caractéristiques: elle a un goût salé et elle pousse sur des terres saumâtres (sal); ses rameaux ressemblent à de petites cornes (corne). Cet aspect renflé des tiges vient de la teneur élevée en sels dans les tissus ce qui crée un appel d'eau pour diminuer la pression osmotique.
Poussant dans les vases salées littorales de la slikke et en ceinture dans les dépressions des près salés ou dans les marais salants (sansouire, réservoirs à poissons d'Audenge, prairies maritimes ou salées du Bassin d'Arcachon), cette curieuse plante halophyte est annuelle: elle est donc absente en hiver (contrairement autres salicornes vivaces). Elle a des feuilles soudées en gaine autour de l'axe. Leur teinte est d'abord verte foncée, puis jaune en été et enfin rouge à l'automne ("corail de mer"); ses feuilles, très rudimentaires, sont réduites à deux minuscules et simples gaines: c'est le résultat d'une adaptation poussée de cette plante au milieu salin. Ses tiges pulpeuses et charnues, dressées, articulées, resserrées au niveau des noeuds, de couleur verte ou rougeâtre, forment une succession de petits cylindres succulents renflés qui se désolidarisent assez facilement. Ses fleurs jaunes et insignifiantes (à peine visibles à l'oeil nu!) apparaissent entre août et septembre, cachées au niveau des noeuds: elles ressemblent à de petites écailles groupés en épis serrés de part et d'autre des tiges. A ce moment, de loin, la plante a l'allure d'une petite bruyère. Elle commence à germer entre la fin d'automne et le mois de décembre (voire même mars-avril), puis elle végète tout l'hiver dans l'attente de températures plus clémentes et des pluies hivernales qui diminuent la salinité du sol. Au milieu du printemps, elle commerciales et culinaires est développé en baie de Somme, sur la côte est du Cotentin, en baie du Mont-Saint-Michel, sur les iles (Noirmoutier, ré, Oléron) et en Camargue. Une partie de la récolte est exportée vers les Pays-Bas, au Mexique, au Koweït et en Israël (où il existe des cultures sous serre pour obtenir un produit standard). Mais, la France doit aussi importer de la salicorne fraîche sauvage d'Amérique du Sud. La culture d'halophytes (dont la salicorne) et une pratique courante au Moyen-Orient pour la production de fourrage destiné au bétail (alternative intéressante dans ces pays aux terres désertiques). Peut-être remplaceront-elles bientôt les farines animales pour nourrir les crevettes d'élevage? Servira-t-elle un jour de biocarburants? Dans ce dernier cas, Salicornia bigelovi fait l'objet d'une production pilote au Mexique avec un rendement supérieur de 400% à celui du soja.
La salicorne étant une plante pionnière, au fil des années (entre 2 et 8 ans), elle est progressivement concurrencée par d'autres plantes halophytes: d'abord la soude maritime, les salicornes vivaces, puis l'obione faux-pourpier et l'aster maritime, enfin (et surtout) la spartine.
La salicorne est utilisée comme nourriture d'appoint par les populations côtières. En 1921, une grande sécheresse s'abattit sur notre pays et la salicorne fait partie des plantes sauvages qui compensèrent partiellement le manque de légumes cette année là.
En Grande Bretagne, les Anglais l'apprécient tellement qu'on a du interdire son ramassage sauvage.
Jadis, les Arabes d'abord, puis Européens jusqu'au XVIIIe siècle les brûlait pour récupérer "la soude végétale" (en fait, le carbonate de sodium) qui servait ensuite à fabriquer le savon ou le verre (glaceries autour de Cherbourg) -on utilisait aussi une autre plante: la soude maritime-. En anglais, la salicorne herbacée s'appelle d'ailleurs glasswort = herbe à verre. Au Moyen-âge, les fonderies des verriers étaient situées à proximité des salicornes. Parmi les régions les plus productrices de soude, citons Alicante (Espagne), Narbonne ("salicor") et Aigues-Mortes ("blanquette").

Cakilier maritime Cakile maritima ssp atlantica (roquette de mer) :
Cette annuelle de 10 à 40 cm colonise le sable nu du haut des plages (banquette, dunes embryonnaires). Cette plante rameuse et glabre possède une très longue racine pivotante. Ses feuilles, charnues et fortement lobées, ont un goût salé. De juin à septembre, il présente ses fleurs blanchâtres, parfois couleur lilas. Le fruit est une silique formée de deux articles superposés : l'inférieur, plus court, présente deux cornes latérales.

Soudes  (deux espèces):
La soude brûlée Salsola kali, annuelle, apprécie le haut de plage et la dune embryonnaire. Cette chénopodacée de 10 à 50 cm, très rameuse, étalée (parfois dressée) a les rameaux striées de rouge et un goût salé. Les feuilles alternes, charnues (anguleuses à bords dentés) ont une pointe épineuse. De juillet à octobre, les fleurs solitaires (ou par 2 ou 3) se trouvent à l'aisselle des feuilles. De ses cendres était autrefois extraites la soude utilisée artisanalement dans la fabrication du verre et de la lessive.
Plus rare dans notre région, la soude commune Salsola soda (jusqu?à 70 cm de haut) est rameuse dès la base et se distingue de la précédente par ses feuilles molles, charnues, en alènes demi-cylindriques, terminée par une soie fine non piquante. De juillet à septembre, les fleurs solitaires, très écartées sur la fin, sont réduites à des carènes transversales. On la trouve plutôt en bordure de marais, bien qu?on puisse aussi la trouver en haut de plage (comme la précédente).

Bette maritime :
Commune en milieu vaseux, sur les terrains salés soumis aux embruns, sur les talus côtiers et les chemins. Nombreuses tiges sillonnées, anguleuses, étalées sur le sol sur 30-120 cm. Feuilles luisantes, épaisses, vert foncé. Ancêtre des espèces cultivées (poirée, bettes, betteraves).

Spartines (deux espèces) :
Notre spartine indigène, la spartine maritime Spartina maritima (ou S. stricta) est une grande herbe vivace, aux allures de petit roseau de 10 - 60 cm de haut. Pionnière, elle contribue à fixer la vase. C'est une des plantes les plus tolérantes à la submersion. Elle se cantonne sur les prés salés. Ses feuilles, d'un vert sombre, s'enroulent sur toute leur longueur et ne dépassent pas 7 à 8 cm. Elle fleurit de juin à août. Son inflorescence est composée de 2 à 4 épis. Chaque épi est composé de fleurs foliacées, verdâtres et écartées. Elle se multiplie à l'aide de rhizomes. Cela contribue à stabiliser la vase et favorise l'installation d'autres espèces végétales. La vasière évoluera ainsi progressivement vers un pré salé.
Elle est concurrencée par une espèce invasive : la spartine anglaise ou spartine de Townsend Spartina × townsendii groves, observée pour la première fois à Lanton en 1985. La gestion de l'hydraulique du bassin d'Arcachon passe par la maitrise de son expansion car elle comble progressivement les chenaux.

Jonc maritime :
Il pousse en touffe (50 à 100 cm de haut) parmi l'obione. La tige est nue, pleine, raide. La feuille est cylindrique, dressée, piquante, radicale, presque aussi longue que la tige. De juillet à août, la fleur (vert pâle) est souvent dépassée par une bractée piquante, en panicule fournie lâche-décomposée. Jadis, la tige trempée dans de la graisse a servi comme bougie.

Obione  faux-pourpier:
Elle fait des réserves d?eau dans ses feuilles charnues et elle recrache le sel par ses feuilles. Ligneuse et couchée à la base, sa tige, très rameuse, porte des rameaux redressés. Elles forment des touffes compactes, au feuillage blanc-argenté, avec des fleurs charnue comestibles jaunes en juillet-octobre.

Aster maritime (oreille de cochon, épinard de mer) :
Poussant sur les prés salés parmi les joncs maritimes, cette bisannuelle (20 à 60 cm de haut) possède des fleurs groupées en capitules. A l'automne, les fleurs du centre (tubes) sont jaunes, mais celles en languettes, périphériques des capitules (ligulées, improprement appelées pétales), sont bleu-lilas à blanc. L'inflorescence est un corymbe de capitules. Elle fleurit en été et au début de l'automne. Les feuilles sont vertes à nervure centrale marquée ; les radicales ovales, les caulinaires lancéolées et étroites. Très ramifiées, ses tiges sont glabres et charnues. Elle est comestible crue ou cuite surtout en période juvénile (taille de la feuille de 5 à 20 mm). C'est dans cet état que la feuille ressemblerait presque à une oreille de cochon. Comestible crue ou cuite, elle se cuisine très facilement et se marie avec toutes viandes et poissons.

Zostères (deux espèces) :
La zostère marine est grande (longue de 50 cm) avec des feuilles larges de 1 cm. La zostère naine, nourriture quasi exclusive de la bernache cravant, est de petite (taille: 30 cm) avec des feuilles larges de 2 mm seulement. La fécondation s'effectue sous l'eau grâce à la densité du pollen (identique à celle de l'eau de mer). Ses capacités d'adaptation sont peu étendues. Son immersion dans l'eau de mer doit se situer entre 20% et 40% du temps d'une marée. Son développement cesse en-dessous de 10°. La zostère naine stabilise et oxygène entre 3000 et 7000 ha sur le Bassin d?Arcachon: ici, c'est le plus grande surface couverte par cette plante en Europe! La plante a tendance à devenir moins abondante sur certains secteurs (consommation excessive par les cygnes?).

Le cas particulier de la ruppia maritime (rupelle, herbe à canards) Ruppia maritima: Cette espèce aquatique est une cosmopolite de l'hémisphère nord particulièrement envahissante dans les lagunes saumâtres en été. Ses feuilles très effilées en chevelure, paraissent engainantes à leur base. Elle pousse mal en eau douce. Par contre, en eau saumâtre, elle peut atteindre jusqu'à 1 mètre de long si l'espace est suffisant, si la température n?est pas trop élevée (jusqu'à 20 °C idéalement) et surtout si la luminosité est suffisante. La ruppia a une tolérance large à la salinité (plant euryhalin), ainsi qu'à une vaste gamme de conditions environnementales, y compris la perturbation extrême, notamment l'eutrophisation. Dans d'autres régions, R. maritima est menacée par la perte d'habitat due à l'industrialisation et à l'agriculture. Son prélèvement en France est interdit. L'espèce est protégée en Europe.
Les autres plantes aquatiques des réservoirs à poissons sont : lige, rizoclonium kochianum, enteromorpha, cladophora.



Toutes les informations culinaires ou phytothérapeutiques ne sont données qu'à titre indicatif.
Merci de consulter un professionnel de la santé avant toute utilisation.