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Autres engrais

Pour les parcelles intensément cultivées, le compost ne sera pas suffisant. Il faudra compléter avec des apports de bio-engrais (6 à 8 kg/100 m²) après éventuellement une analyse de la terre.

L’ANALYSE DE LA TERRE

J’écris « éventuellement » car je crois que l’analyse de la terre est en général superflue: en général, le sol finit par s’équilibrer de lui-même si on lui apporte des engrais organiques complets et surtout du compost qui améliore sa texture, sa rétention en eau et son aération.
Sans faire d’analyse sophistiquée, vous pouvez déjà estimer par vous-même:

  • la texture de la terre : argile, sable, limon
  • sa compacité : test du boudin de terre modelé après humidification: sableux s‘il s‘effrite avec une sensation de rugosité dans la main; terre franche s‘il se plie légèrement sans casser; argileux s‘il forme un anneau sans se briser et laisse une impression très lisse au toucher,
  • sa richesse en matières organiques : la terre, noire, contient alors de nombreux et gros vers de terre
  • son pH c’est-à-dire son caractère plutôt acide / neutre / alcalin (calcaire).

Pour aller plus loin dans les précisions, vous trouverez des kits d’autoanalyse, vendus dans les jardineries. En fonction de la texture du sol, les amendements à apporter pour l’améliorer sont: la chaux (pour les terres sableuses ou argileuses), la tourbe de l‘Europe de l‘Ouest comme celle de l‘Allemagne (pour retenir davantage d’eau) et le fumier (qui est aussi un engrais).
Des informations complémentaires sur le sol sont apportées par des plantes indicatrices, comme l’illustrent les deux exemples suivants. La prolifération d’herbe aux goutteux témoigne d’un sol gorgé d’eau et de matières organiques. Le chénopode bon-henri et le mouron blanc révèlent une terre très riche en azote.
Entre l’Océan et la Garonne, dans notre région, les terres sont souvent sableuses (et donc lessivables et plutôt pauvres): elles sont faciles à travailler, elles ont besoin de plus d’arrosages, d’engrais, de compost (au printemps) que les terres argileuses. Sensibles à l’érosion, elles ne doivent pas rester nues, surtout en hiver (prévoyez des engrais verts, de la mâche ou un paillis). Comme elle se réchauffent plus vite au printemps, les récoltes sont plus précoces.

LE FUMIER ANIMAL

Un apport tous les 3 ans. C’est le meilleur engrais organique: la concentration en fertilisants est plus forte que dans le compost. Mais il doit être composté - surtout ceux de volailles - pour être bien décomposé avant d’être utilisé En effet, trop frais, le fumier contient des sels ammoniacaux et des germes pathogènes qui sont toxiques pour les semis et retardent la croissance des légumes, sans parler de l’odeur!
Evitez les fumiers des élevages industriels intensifs (porcheries, volailles).
On distingue: les fumiers chauds (cheval, mouton) et les fumiers froids (bovins, volaille, lapin). C’est un produit souvent bon marché, voire gratuit si vous le transportez par vos propres moyens. En ville, les grandes surfaces et les jardineries vendent du fumier déshydraté en granulés.

LE COMPOST DES TOILETTES SECHES

Les toilettes à litière biomaitrisée remplacent les toilettes à chasse d’eau: comme elles n’utilisent pas d’eau pour leur fonctionnement, elles sont donc intéressantes où il n’y a pas d’eau disponible (caravane, mobil home, cabane, île, montagne). Les excréments mélangés à de la paille, de la sciure ou des copeaux de bois doivent fermenter 18 à 24 mois avant utilisation pour éliminer les germes pathogènes (entre autres).

LES CENDRES VEGETALES

Très utiles en sol acide ou sableux, elles le rechargent en minéraux pour compenser ceux qui sont entrainées par lessivage. En partie immédiatement assimilables (et donc hélas lessivables par les eaux de pluie), on doit, par conséquent, les répandre en cours de culture (et non à l’avance), en particulier pour les oignons et les cultures fruitières. La cendre d’herbes contient davantage de silice, de potasse (notamment: 5% contre 3%) et de phosphates que celle du bois. Les cendres doivent provenir d’un feu propre: pas de bois peint ou traité, pas de résidus de sels des barbecues; pas de cendre de charbon. Sauf si vous ne souhaitez pas augmenter le pH de votre sol, elles seront ajoutées avec parcimonie (50 g/m²) car elles ont un effet salé et alcalinisant sur la terre (à cause de leurs teneurs en potassium et en calcium): il ne faut ni les épandre autour des plantes de bruyère, ni sur le terreau de semis. Une macération de ces cendres dans l’eau (pendant une nuit et après filtration) a une bonne action préventive contre les larves des mouches du chou, de la carotte et de l’oignon.

LES AUTRES ENGRAIS ORGANIQUES

Chaque jardinier a ses préférés. Les miens sont:

  • la corne torréfiée/broyée : 50 g/m², riche en azote à effet très lent pour la corne broyée et très durable sur les arbres et les plantes voraces,
  • le sang séché : 13% d’azote à action rapide,
  • la poudre d’os : 30% de phosphore !,
  • les fientes déshydratées de volailles : engrais complet et rapide,
  • la poudre / farine d’algues marines : excellent en terre argileuse, en complément pour sa richesse en oligo-éléments, effet très rapide donnant un aspect plus sain et une meilleure résistance aux maladies et aux parasites. Soit sur le compost à raison 1 kg/m3, soit en pulvérisation - ajouter un peu de savon biodégradable pour favoriser l‘adhésion au feuillage -

L’essentiel de la fertilisation repose sur l’engrais naturel/organique (ressource renouvelable) qui a l’avantage d’être beaucoup moins soluble que la plupart des engrais liquides minéraux et/ou synthétiques (réalisés à partir de ressources limitées et donc non renouvelables). L’engrais organique (à la dose de 100-200 g/m²/an) prévient les déséquilibres car il n’est absorbé progressivement par la plante qu’après avoir été minéralisé par un intermédiaire microbien.

LES ENGRAIS SYNTHETIQUES

Toutefois, au risque que mon pragmatisme choque mes lecteurs puristes ou intransigeants, si vous manquez de matières organiques à apporter à votre sol, il faudra apporter, en complément, des engrais synthétiques à libération lente, voire - ponctuellement et avec prudence - des engrais liquides rapides si un légume en a vraiment un besoin immédiat.
Ils ont des qualités - bas coût, efficace, facile à trouver - et des défauts. Leur fabrication par synthèse est un gâchis énergétique. Dans les terres à faible pouvoir de rétention comme le sable, ils polluent et eutrophisent les eaux. Leur utilisation doit rester parcimonieuse car ils altèrent l’équilibre naturel du sol. En effet, dans un premier temps, ils réduisent l’activité symbiotique et celle des vers de terre. Ils inhibent aussi les associations bénéfiques entre les champignons et les racines des plantes. Ce « rendement à l‘instant» des engrais synthétiques risque d’escamoter la qualité, la santé et la résistance de la plante. Mais, si on en rajoute pas sans arrêt et si on limite les doses, l’ensemble s’en porte mieux à long terme une fois ces engrais métabolisés.