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Le compost traditionnel

La terre doit être nourrie pour produire en retour. La Nature nous montre elle-même l‘exemple et nous servira donc de modèle à copier ( voir article précédent sur le paillis ) : en forêt, feuilles et branches finissent par se décomposer et donnent de l‘humus pour recommencer un nouveau cycle suivant le principe: « Rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme».
Le « Maître composteur » et ses assistants (l’air, l’eau, les micro-organismes) reproduisent la même chose au jardin en recyclant les déchets avec bon sens. C’est pour cela que l’un des meilleurs fertilisants est le compost: 1,2% d’azote N, 0,4% de phosphore P, 3% de potassium K.

Pas de potager bio sans son tas de compost!

  • C’est la manière la plus simple de « reconstruire » un sol perturbé et de diminuer sur place le volume des « ordures » fermentescibles de moitié tout en améliorant la qualité de la terre.
  • De plus, en recyclant la quasi-totalité des matières du jardin et une bonne partie de celles de la cuisine, on réalise des économies substantielles, en particulier au niveau des épandages d’engrais et d’eau (paillage).
  • Enfin, cet « or noir » respecte un des principes de base du jardin bio en favorisant et en stimulant la vie/l’activité des micro-organismes du sol (invisibles à l‘œil nu pour la plupart d‘entre eux). En compagnie des vers de terre, tout ce petit monde décompose la matière organiques en nutriments assimilables par les plantes. On approche ainsi la mise en place d’un système cohérent, harmonieux et presque autarcique où le potager produit pratiquement presque tout ses propres besoins (y compris sa propre nourriture): zéro entrant, zéro sortant.
  • De plus, la gestion des déchets verts par la collectivité (collecte et traitement) est coûteuse pour la société: c’est donc réaliser un acte citoyen que de le faire par nous-mêmes lorsqu’on a un terrain, même petit. N’est-ce pas une aberration de confier ses déchets à une déchetterie et d’aller ensuite acheter des sacs de compost ou de terreau?

Le silo à compost

silot à compost en grillagesilot à compost en bois

Si votre commune ne propose pas des aides pour son achat, ses services techniques en commandent en grande quantité et peut-être pourriez-vous en avoir, par cette voie, à des prix intéressants?
Sinon, le composteur (ou compostière) se fabrique très facilement à partir de quatre palettes de récupération (prévoyez un côté démontable ou une trappe à la base pour le vider), un grillage de poule vertical autour de quatre piquets disposés en carré ou plus simplement en recyclant les sacs d’un mètre cube dans lesquels les jardineries livrent maintenant leurs matériaux (sable, gravier). Essayez aussi les compostières « en creux » c’est-à-dire une fosse (ou une tranchée) creusée dans la terre.
Les plus fainéants n’utiliseront pas de contenant: ils font un simple tas. Les principaux avantages de cette formule, c‘est plus grande circulation d‘air sur les côtés et des retournements plus faciles puisque vous n‘aurez qu‘à déplacer le tas latéralement sur un côté (une fois à gauche, puis -plus tard- retour à sa place initiale, à droite). Bien sûr, c’est moins esthétique et il vaudrait mieux mettre une barrière grillagée pour limiter l’éparpillement par le vent et les animaux.
Avec les feuilles, on obtient encore plus rapidement un terreau en les enfermant dans un sac poubelle en plastique noir perforé (pour l‘aération).
Il est très pratique d’avoir deux ou trois composteurs fonctionnant en parallèle et contenant du compost à différents stades de maturité (au moins un volume de 5 m3 au total pour un jardin de 1000 m²): un mûr, un en cours de maturation, un en cours de remplissage. Installez-les à proximité de la maison car il est pénible de traverser tout le jardin, un jour neigeux et glacial, pour déposer quelques épluchures!


Règles d’or à respecter


  • Les déchets doivent être en contact avec la terre remuée (pas de surface bétonnée) et nue (sans chiendent). Pour accélérer la décomposition, réduisez la matière en morceaux les plus petits possibles avec une tondeuse ou un broyeur électrique si les branches ne dépassent pas 3 cm de diamètre (loué à la journée en s‘associant avec un voisin pour partager les frais, il faut choisir le modèle muni d’un rotor à couteaux moins bruyant que celui à plateaux circulaires). Pour obtenir un compost « grand cru», il faut diversifier au maximum les apports, mais sans assimiler votre silo à compost à une vulgaire poubelle! Evitez de mettre des déchets de viandes, les litières de chat, des plantes malades (surtout celles moisies ou atteintes par des virus), des herbes montées à graines, les épluchures des légumes du commerce (trop riches en pesticides à longue durée de vie), des plantes inhibitrices (tanaisie, laurier-rose, absinthe), des matériaux non rapidement biodégradables (matières plastiques, verre), du carton ou du papier s’ils ont des encres colorées (journaux, dépliants publicitaires)…
  • Il faut apporter trois fois plus de carbone que d‘azote. Les premiers sont contenus plutôt dans les déchets bruns et plutôt durs (comme le bois, le carton, les aiguilles de pin et les feuilles mortes -qu’il ne faut surtout pas brûler!-) et les seconds dans des déchets plutôt mous, verts et frais (comme l’herbe, les fanes de légumes). Il faut donc d‘alterner des couches minces (5-10 cm d‘épaisseur) de chaque catégorie mais trois fois plus épaisses pour celles qui sont carbonées (saupoudrées de terre tous les 30 cm pour inoculer le tas en microorganismes). Sinon, s’il n’y a que du bois et des feuilles mortes, rajoutez 50 g de chaux pour 10 kg de déchets (ou de la cendre de bois). Par contre, si le tas ne chauffe pas ou que la fermentation est trop lente, c’est qu’il manque d’azote car c‘est lui qui active la fermentation (le plus simple pour y remédier est d’y verser du purin d’orties ou d’uriner dessus!). Les autres solutions sont d‘ajouter, au choix: vieux compost (qui servira de levain), fumier (volailles), terre de jardin (encore plus!), accélérateurs de compost vendus dans le commerce (ammonitrate et bactéries), poudre d‘algues, certaines plantes ou leurs extraits (bourrache, consoude, ortie, valériane officinale), solution aqueuse sucrée avec de la levure de bière. L’humidité doit correspondre un peu à celle d’une éponge essorée. Arrosez quand le temps est chaud. Si c’est trop détrempé (il y a alors de mauvaises odeurs et la fermentation est freinée), rajoutez des cartons ou de la paille et retournez plus souvent votre tas.
  • Il ne doit pas être tassé: au contraire, il doit être aéré (branchettes nues dans la base du tas). Pour l’aération, la technique des Chinois est de planter verticalement des tiges de bambou qu’on laissera en place quelques jours pour créer des puits d’aération. A partir du deuxième mois (et tous les 15 jours si vous en avez le courage), remuez le tas à la fourche-bêche, après le coup de « chauffe » ou introduisez de nouvelles branches pour l‘aérer (cela évitera aussi les odeurs désagréables). Terminez en couvrant le tout (sans l’asphyxier) de branches, de terre et de cartons pour limiter le lessivage, les ravageurs (ponte de hannetons et de noctuelles) et pour l‘isolation thermique (vent, chaleur, froid).
  • Après un ou deux mois de fermentation, on obtient un compost frais qui peut servir de paillage ( voir l'article consacré au paillage ), très apprécié à ce stade par les cucurbitacées. Moyennement décomposé, le compost jeune (voire demi-mûr) convient aux solanacées (tomate, pomme de terre), pour les sols nus (en hiver) ou sableux (au printemps). Au bout d’un an environ, le compost mûr se présente sous forme d’un bel humus homogène, brun foncé à noir, plutôt sec, s’émiettant facilement et qui sent bon le sous-bois. A ce stade, il convient à toutes les plantes.

Epandage sur le terrain

Avant d’utiliser votre compost, il est prudent de le tamiser, ne serait-ce que pour vous débarrasser des indésirables (larves de hannetons). Pour l‘utiliser comme substrat de cultures pour les potées et les jardinières, après le tamisage, il faut absolument le mélanger à 50% (voire plus) de terre ordinaire. A l‘état pur, le compost tue les plantes en pots!
Le compost mûr est un excellent amendement organique à épandre en couche fine (jusqu’à 5 kg/m²/année pour les cultures exigeantes) et à enfouir dans les cinq premiers centimètres de sol (laissé en surface, il perd jusqu‘à 50% de son azote), de préférence au démarrage de la végétation, au début du printemps (plutôt qu‘en hiver où il serait lessivé durant la dormance des plantes). Je rappelle qu’en enterrant des matières organiques insuffisamment décomposées (compost non mûr), on provoque (provisoirement dans le sol) une faim d’azote préjudiciable à la croissance des plantes (voir § « paillage»).
Ne mélangez jamais un amendement calcaire avec du compost (ou du fumier).

Remarques pour les curieux

Savez-vous que le mot « compost » a la même racine étymologique que « compote » (= mélange)!! Même les Fabacées (qui stockent pourtant l’azote) poussent plus vite avec du compost! C’est dans un tas de compost en fermentation que j’ai fait une de mes plus belles découvertes naturalistes: un orvet!