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Préparation végétales

L'éloge de ces éléments clés et trésors verts de la pharmacie du « potageriste » n’est plus à faire: ils sont des fortifiants pour aider la croissance des plantes et la vie microbienne du sol. Comme la plante devient plus forte, elle résiste mieux à diverses agressions, un peu comme si elle était vaccinée (effet éliciteur).

Les préparations naturelles peu préoccupantes (PNPP) s’emploient sur les feuilles des plantes (pulvérisations) ou au niveau de leurs racines (arrosages). Leurs effets ne doivent pas être surestimées car elles ne sont pas la panacée à tous les problèmes: il ne faut pas leur prêter plus d’efficacité qu’elles n’en n’ont réellement. Riches en polyphénols, elles agissent comme fortifiants et fertilisants (s’ils ne sont hélas pas toujours équilibrés en azote et potasse, ils sont -en revanche- toujours riches en oligoéléments). De plus, certaines ont des propriétés fongicides et/ou insectifuges (répulsifs) : elles n’agissent donc qu’à titre préventif pour la plupart car ce ne sont pas des insecticides (voir le chapitre « traitements ciblés… »). Ne mélangez jamais deux plantes différentes lors de la fabrication.

La recette de fabrication du purin

Du fait des mauvaises odeurs, il est judicieux de préparer son purin en plein air, à l’ombre et dans un coin retiré du jardin!

Le premier jour : ramasser loin de toute pollution (dans votre jardin), les végétaux (non montés à graines et sans leurs racines et leurs fleurs sauf exceptions) et fragmenter en petits morceaux surtout s‘ils sont coriaces (tondeuse, cisaille, sécateur): plus les fragments sont petits, plus l’extraction des principes actifs sera complète et rapide.
Puis, ils sont mis à macérer dans de l‘eau de pluie (dépourvue de calcaire et de chlore) dans un récipient neutre non métallique, en plastique par exemple (seau, poubelle, grand arrosoir). Si vous utilisez l‘eau du robinet, laissez-la reposer pendant quelques heures pour qu’elle libère le chlore qu’elle contient. Si elle est calcaire, versez une cuillère de vinaigre.
Pour un récipient de 15 L, prévoyez 1 kg de plantes fraîches (ou 100 g de plantes sèches) pour 10 L d’eau (un peu plus si vous prenez des feuilles de rhubarbe ou de pissenlit). Cet extrait fermentera à 18-25° (maximum!). Tassez avec une pierre posée dessus. Fermez non hermétiquement.

Au bout de 3 jours, tentez de diminuer l’odeur en ajoutant des feuilles hachées d’angélique ou de sauge officinale, de la roche basaltique. Il faudra brasser au moins une fois par jour avec un bâton. A ce stade (trois jours), après plusieurs filtrations à travers une passoire ou un vieux collant (qui seront inutiles si vous avez pris initialement le soin d’enfermer les plantes dans un sac perméable en tissu), vous pouvez déjà l’utiliser en tant que répulsif vis-à-vis des parasites. Par contre, si vous laissez fermenter pendant 5 jours (été) à 10 jours (hiver), les pulvérisations seront alors bien plus adaptées contre les parasites piqueurs (pucerons) et les maladies du feuillage.

Enfin, au bout de 10-15 jours (à 18-20°) à 4 semaines, il atteint enfin le stade « mûr » où il devient un fertilisant efficace.
Le stockage est possible jusqu’à deux mois (plus si la température est fraîche) dans un contenant en plastique, à l‘abri de la chaleur (dans une cave à 12-15°), de l’air (couvercle) et de la lumière. N’oubliez pas l’étiquetage (nom et date de fabrication).
Lors de l’application sous forme d‘arrosage (sur un sol déjà humidifié), diluez auparavant 10 fois et ajoutez-y un agent mouillant pour améliorer son adhésion (lait écrémé, savon, argile verte). Par contre, diluez 20 fois si vous le pulvérisez sur les feuilles. Les traitements s’effectuent fin février, en mai et en plein été. Ils sont renouvelés (quatre fois par an pour les arbustes et les arbres dont deux arrosages espacés de 15 jours au démarrage de la végétation; tous les 15 jours en moyenne pour les autres plantes), surtout lors des stades critiques de la plante (stade jeunes feuilles, semis, repiquages, plantations, après une taille sévère, par exemple). Pour les légumes, respectez un délai de 15 jours entre le traitement et la consommation! Trop rapprochées, les applications deviennent néfastes. Il faut éviter les applications par fortes chaleurs, par temps de gel et de pluie.

Les principaux purins:

  • Les purins bien mûrs les plus utilisés sont ceux d’ortie et de consoude (symphitum): leurs richesses en oligoéléments sont associées à des qualités insectifuges et anticryptogamiques. Celui d’ortie est riche en azote à effet rapide: les plantes atteintes de chlorose reverdissent en une semaine! Il favorise aussi la croissance des tiges. Le purin de consoude est riche en potasse, donc utile pour la floraison et la fructification. Tous deux sont aussi employés comme engrais organiques: le purin d’ortie stimule plutôt les plantes déjà installées et notamment les légumes-feuilles, celui de consoude est un excellent antistress en cas de grêle ou de coup de froid grâce ses propriétés cicatrisantes. Ces deux purins-stars sont déconseillées pour les plantes de terre de bruyère (camélias, hortensias). La consoude est en passe de détrôner l’ortie: elle sert aussi de paillage et d’activateur dans le tas de compost. L’ortie et la consoude forment un duo vraiment performant en arrosant successivement avec chaque purin à 15 jours d’intervalle. Certains biojardiniers préfèrent mélanger les deux purins dans la proportion 1/3 d’ortie et 2/3 de consoude, mais je n’adhère pas à cette méthode (je crains les réactions parasites secondaires).
  • Les autres plantes fraiches les plus plébiscitées pour les purins sont: la prêle (riche en silice, elle aide la plante à se défendre contre les maladies, surtout fongiques comme la cloque du pécher), la fougère aigle (reminéralisante et anti-insectes, en particulier anti-pucerons -y compris lanigère- et anti-taupins), le mélange ail + oignon, la rue, la rhubarbe (contre teigne du poireau et pucerons), le sureau, le piment fort très dilué (insectifuges pour les vieux plants), la tanaisie (contre la rouille des tomates et des roses trémières), la sauge (insecticide et fongicide), le pissenlit (pour la croissance et la qualité gustative des légumes), le bouleau (pulvérisation foliaire à 20% contre la tavelure des arbres fruitiers), les drageons de tomates (pour stimuler la productivité et la croissance de celles-ci; curatif contre les pucerons), le souci (pour les légumes), la valériane officinale sauvage (pour avoir de belles fleurs), les algues ensachées… et même le compost (action antifongique)! Quant aux purins de clématites et de chélidoine, on a vu qu’ils limitaient la levée des semences: on peut donc les utiliser comme un ralentisseur de croissance des « mauvaises » herbes (voir § « désherbage» ).

Les pulvérisations

Le petit pulvérisateur à pression préalable, très maniable, permet de traiter les arbres jusqu’à 3 m de haut. Pour des arbres plus grands, le grand pulvérisateur à pression entretenue s’impose. Orientez le jet dans toutes les directions (et notamment sous les feuilles) en tournant autour de la plante pour qu’elle ruisselle une fois l’opération terminée. Même si vous avez pris la précaution de filtrer auparavant les liquides à travers un tissu très fin, veillez à bien nettoyer à l’eau pure le pulvérisateur avant de le ranger (surtout au niveau de la crépine qui se peut se boucher avec des dépôts encroûtants).


LES AUTRES EXTRAITS DE PLANTES:

Faute de pouvoir se conserver durablement, les autres extraits cités ci-dessous sont à utiliser rapidement, dans les 48 h qui suivent leurs fabrications (longue conservation impossible).

  • L’infusion (ou tisane): On plonge directement les plantes dans l’eau bouillante (ne dépassez pas 30 minutes pour ne pas détruire les principes actifs), puis on laisse infuser/refroidir pendant quelques heures et on filtre. Du fait que les principes actifs sont extraits à chaud, leurs concentrations sont fortes. A titre préventif contre les maladies, on utilise des tisanes composées (75% d’ortie, puis 25% de prêle) ou simples (racine de pissenlit).
    Les infusions sont surtout employées contre les insectes en général. Exemples: infusions d’ail, de poivre (30 g/L), d’absinthe, de basilic, de rhubarbe (contre les mouches et les teignes du poireau), de sauge, de thym (contre la piéride du chou). D’autres « tisanes» ont une action plus ciblée, comme celles de géranium (contre la mouche de l‘asperge), de coriandre (contre les doryphores), de baies de sureau (contre les acariens) ou ses feuilles (contre la mouche de la carotte), de millepertuis (contre la mouche du chou et le ver du maïs). Voir la page « traitements ciblés » pour avoir plus de précisions.
  • La macération : C’est un purin dont la durée de trempage à froid est très réduite puisqu’elle n’est que de 12-24h. Elle possède surtout des propriétés fongicides, mais aussi stimulantes (macération de tomates en pulvérisation foliaire contre les parasites).
  • La décoction: C’est une macération suivie d’une infusion. Elle est donc plus puissante que l’infusion: elle est adaptée pour les feuilles à cuticules épaisses. On utilise: ail, absinthe, prêle, sureau (contre les chenilles), tanaisie (contre chenilles, pucerons, mouche des légumes et aleurodes).

Pour les curieux!

Saviez-vous que, jusqu’à la loi d’orientation agricole du 5 janvier 2006, toute personne qui vendait du purin d’ortie (ou même qui en communiquait simplement la recette) était passible d’une condamnation à 2 ans de prison et d’une amende de 75 000 €?